Rage Mue - bréviaire du poète mort

EXTRAIT 2
Bon euh…
écoutez, imaginez ce truc. Vous seriez là dans cette chambre à laisser entrer le soleil et vous prendre pour Muihr, même si vous sauriez pas vraiment qui c'est. Parce que, franchement, ce s'rait trop bien, trop frais de parler par lui, comme l'idée que vous vous feriez de comment il parlerait, là, dans votre situation. Et quelque chose comme la vie, ou plutôt l'amour, passerait avec lui, en vous, comme pour la première fois. Enfin, pour la première fois dans votre état de presque adulte. Et même, c'est par vous (lui?), au travers, que ça passerait, un genre de capillarité. Comme le soleil, là, dehors, à travers la vitre qui le fait tout toucher de façon oblique. Et cet "écoutez" sous la plume, justement, qui voudrait rendre compte de l'état dans lequel vous vous trouveriez… ça serait d'abord avec vos oreilles que vous seriez d'dans. Vous écouteriez quelque chose comme les Floyd. Gentiment planant. Enfin, gentiment… Et puis l'amour, là, comme les rayons du soleil derrière une vitre, et ces Floyd dans vos oreilles, ça ferait un genre d'ouverture et vous commenceriez à comprendre ou plutôt, entendre, votre pensée. Votre pensée en écho. L'écho de votre pensée.