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Neuf 8,30
Occasion 2,19
Conseillé par
13 mars 2014

Suspense amoureux

Harlan Coben est un obsédé... des disparitions! De son premier roman traduit en français, " Ne le dis à personne ", à celui qui vient de paraître aujourd'hui, " Six ans déjà ", en passant par quelques autres titres, les gens s'évaporent du jour au lendemain, au grand désespoir de leurs proches. A cela ajoutons qu'il aime bien les histoires d'amour, le suspense et les happy ending. Alors voyons un peu ce qu'il nous a concocté avec ce nouveau livre: la dernière fois que Jake a vu Nathalie, c'était au mariage de celle-ci... avec un autre. Pour se prouver que ce n'était pas qu'un cauchemar et qu'elle l'avait bel et bien définitivement quitté, il s'était infligé cette épreuve. Aussi lorsque, six ans plus tard, il découvre dans le journal que le mari de Natalie est mort, il décide de se rendre à l'enterrement, pensant que c'est une occasion de revoir son ancienne fiancée. Le problème, c'est que la veuve n'est pas du tout Natalie. Et que celle-ci a disparu de la surface de la terre. Coben bâtit une intrigue sophistiquée avec abondance de rebondissements. Les droits de ce roman ont déjà été achetés par les Américains. Et, bonne nouvelle, un autre de ses livres, " Une chance de trop ", va être adapté par TF1. Une série en six épisodes dont le tournage devrait débuter en septembre.

[Retrouvez notre rencontre avec Harlan Coben](http://www.onlalu.com/site /harlan-coben/)

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Conseillé par
12 mars 2014

Rendez-vous avec les étoiles

Sur son vélo, couvert de pied en cap, Elliot pédale de toutes ses forces, bravant le froid mordant. Il est dix heures du soir. Le jeune collégien s’engouffre dans un train. Défiant la loi maternelle, il a préparé soigneusement son expédition: muni de sa lunette astronomique, il dispose d’une nuit entière pour observer le ciel improbable. L’immensité l’appelle. Allongé dans les vignes, il est seul, pour quelques heures. Ensuite, il faudra faire le chemin en sens inverse, reprendre le train, détacher son vélo, se recoucher dans son lit, crevé, transi de froid… mais heureux. Et le seul moyen d’y parvenir est la fugue, nuit après nuit. Autrefois, il partageait sa passion pour l’astronomie avec son père. Mais ça, c’était avant les disputes, avant la guerre. Avant l’avocat et le tribunal. Aujourd’hui, son père a déserté la maison. Elliot vit seul avec sa mère, et ne partage plus rien. Au moins, enroulé dans une couverture, diablement petit contemplant l’infini, il est à l’abri du conflit que se livrent ses parents. À l’abri de sa mère, abrutie de somnifères. À l’abri de sa vie. « Là-haut, loin des guerres que se livrent les couples lorsqu’ils ne savent plus retrouver l’amour, les étoiles pulsent, vibrent, tremblent, et vivent leur vie d’étoile, indifférentes aux cris qui nous déchirent le cœur. » Mais une nuit, Elliot assiste à un phénomène étrange : des lumières orangées, puis vertes, fendent le ciel. Ces lueurs diffuses descendent et soudain disparaissent. L’instant magique dure quelques secondes. Dès lors, l’inexplicable s’invite au quotidien. En se glissant dans la peau d’un jeune passionné et solitaire, Eric Pessan nous interroge sur la place de l’adolescent dans une famille écorchée, quand la communication se rompt et que les gestes d’amour font place au silence écrasant. Impuissant, il assiste à l’affrontement parental et à l’effondrement du bonheur familial, réduit en cendres. Mais il n’est pas ce garçon rebelle et vindicatif auquel on pourrait s’attendre. L’auteur nous surprend en habitant un héros discret, presque timide, mais lucide et terriblement attachant. C’est en frôlant l’infiniment grand qu’Elliott se retrouve, alors qu’il ne parvient plus à trouver sa place dans le monde qui l’entoure. Mais jamais il n’élève la voix, jamais il ne veut déranger. Il vit sa passion, en douce, désarmé face à la réalité devenue trop douloureuse. Avec justesse, Eric Pessan nous livre ici le récit poétique d’une passionnante émancipation.

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Neuf 7,60
Occasion 5,00
Conseillé par
11 mars 2014

Un scandinave à découvrir

A lui tout seul, Ake Edwardson est un antidote aux idées reçues sur les Scandinaves. Les lecteurs qui l'ont un jour approché, pour lui faire dédicacer l'un de ses dix romans policiers déjà traduits en français, ont découvert un sexagénaire chaleureux, volubile, souriant, sans rien de cette réserve que l'on prête parfois aux Suédois. Ses écrits sont à l'image de cet ancien journaliste épris de blues et de rock : riches d'humanité, en prise directe sur le réél, tendus comme un arc vers un objectif constant : raconter de bonnes histoires.

Avec " Rendez-vous à Estepona ", l'homme de Göteborg fait une infidélité, la première, à son héros récurrent, le commissaire Erik Winter, pour s'aventurer aux confins du thriller politique. Peter, cadre dans la pub à Stockholm, est tiré de son confort familial par un coup de fil l'expédiant sur la Costa del Sol. Plus jeune, il s'est livré en Espagne à des activités clandestines achevées dans le sang. Ses anciens amis basques l'ont retrouvé sous son identité d'emprunt et l'obligent à revenir, accompagné de son épouse, pour une dernière " mission "qui sent la vengeance.

Dans la littérature noire, le thème du héros rattrapé par son passé est un classique. Ici, Ake Edwardson le soumet à un électrochoc. Action sans temps mort, dialogues tirés au cordeau, il va à l'essentiel en soulevant une foule d'interrogations. Qui joue quel rôle ? Qui manipule qui ? Qui risque sa peau ? A tout moment, sur chaque point, tout semble possible. " Avec la fiction, j'ai découvert que l'on donnait plusieurs points de vue à une histoire, pas seulement celui du journaliste. Et dix lecteurs d'un roman en donneront dix interprétations différentes ", nous expliquait-il fin 2011, en présentant son précédent livre, " Le ciel se trouve sur terre ".

L'auteur épaissit le mystère d'Estepona par la grâce d'un personnage principal qu'il ne nous rend pas spécialement sympathique ni attachant, mais qui se révèle dans le regard des autres. Il use d'une écriture syncopée, hachée, pour restituer la tempête dans le crâne de Peter, son existence qui s'ébrèche, autant que l'atmosphère poisseuse, imprégnée de peur, qui baigne cette plage andalouse. A coup de flashbacks express, enfin, sur ce fameux passé activiste où tout ne semble pas à jeter, il nourrit jusqu'au bout une question de fond : peut-on toujours reprendre le contrôle de sa vie ? Un pur suspense jalonné de petits cailloux philosophiques. Une mécanique brillamment intelligente.

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Conseillé par
11 mars 2014

Profession: tueur à gages

Deux romans ont suffi à cet Ecossais trentenaire pour imposer sa voix dérangeante et moderne dans le paysage du polar et du thriller. Malcolm Mackay, dont le talent littéraire se confirmant dans " Comment tirer sa révérence ", a débarqué en France début 2013 avec " Il faut tuer Lewis Winter ", volet inaugural de sa trilogie de Glasgow, aujourd'hui réédité en poche.

Dans ce premier roman, l'auteur se glisse dans la tête d'un jeune tueur à gages ambitieux et solitaire. Professionnel jusqu'à la maniaquerie, Calum Mclean a le souci d'exécuter ses contrats sans mal ni douleur pour... ses victimes. Non par excès de sensiblerie, mais parce qu'il veut faire une belle et longue carrière. Pour éviter que l'on remonte jusqu'à lui et ses commanditaires, il oeuvre donc dans une discrétion absolue. Pas de cris, pas d'erreurs, le moins de sang possible : de l'effaçage clinique. Les premières lignes du roman donnent le ton : " Ça commence par un coup de fil. Une conversation anodine, familière, amicale, on ne parle pas affaires. Un rendez-vous est pris, en terrain neutre, un lieu public de préférence. Quels que soient l’interlocuteur et le lieu de rencontre, il faut rester prudent. Parer à toute éventualité, rien n’est acquis d’avance. On est tenté de faire confiance, mais c’est une erreur. Quelqu’un qui a été votre ami et votre confident pendant vingt ans peut vous lâcher en un clin d’oeil. Ça arrive. Tout être sensé garde en tête cette triste réalité ; les autres l’apprendront. " En accumulant les petits riens qui obsèdent ces truands paranoïaques, en déroulant leurs échanges mécaniques et sans chaleur, Malcolm Mackay souligne le vide existentiel dans lequel ils baignent indéfiniment. Cet exercice de style hyperréaliste, incisif, cynique jusqu'à la drôlerie et parfaitement cohérent, nous démontre que ces tueurs n'ont peur de rien parce qu'ils sont déjà un peu morts. Le tour de force étant qu'on se surprend malgré tout, comme avec Dexter Morgan ou Walter White (" Breaking Bad "), à souhaiter la réussite de Calum...

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Anne-Marie Métailié

21,00
Conseillé par
10 mars 2014

le bankster et l'écrivain

En Italie, Walter Siti est le roi de l’autofiction. Pas celle qui campe sur le pré carré d’un moi totalitaire mais celle qui explore la frontière littéraire entre fiction et réalité. Ainsi, dans toutes les œuvres de cet écrivain majeur, traduit pour la troisième fois en deux ans après avoir été ignoré des éditeurs français pendant près de deux décennies, « Walter » tient le premier rôle, aussi éloigné de l’individu en chair et en os que l’écriture peut l’être de l’expérience réelle. Toutefois, son dernier roman, vainqueur du Prix Strega l’année dernière (l’équivalent de notre Goncourt), marque une rupture : Walter n’y est plus le personnage principal. Et Siti, le vrai, prouve combien il est doué pour jouer les narrateurs omniscients.

Lors d’une soirée de la jet-set romaine, « Walter » rencontre Tommaso Aricò, " bankster " d’une trentaine d’années, du fric à ne plus savoir qu’en faire. Entre le jeune loup affamé de corps féminins et l’écrivain repu des culturistes qui alimentaient jusqu’alors ses désirs et son œuvre, quelque chose naît, à mi-chemin entre l’amitié et le rapport tarifé : moyennant un généreux salaire, Walter délaissera ses « livres pour pédés » pour raconter le roman de Tommaso. Des faubourgs de Rome aux palaces des quatre coins de la planète, l’histoire de ce prodige des maths vaut tous les Rastignac. Gamin obèse, fils de taulard, Tommaso s’est littéralement extrait de sa condition en s’extrayant de son corps sous le bistouri d’un chirurgien suisse, grâce à la générosité de quelques parrains du quartier. Débarrassé de sa monstruosité, il a gravi les échelons de la société avec la rage des anciens pauvres, fréquentant les puissants (de Berlusconi aux vedettes des talk-shows), couchant avec des mannequins hors-de-prix, couvrant sa mère de meubles rococo. Mais ce n’est pas tant la fulgurance de son ascension sociale que son issue – en forme de cul-de-sac – qui intéresse le narrateur. Car il n’est pas question pour Siti de faire de l’histoire de cet homme un conte de fées moderne. « Résister ne sert à rien », précisément : en devenant l’un des plus habiles spéculateurs de sa génération, celui qui servit la soupe populaire pendant ses années d’études n’a pas d’autre choix que de devenir un criminel. Et le narrateur d’interroger la figure du héros – double de l’auteur ? – et les passerelles entre récit véridique et roman vraisemblable. L’argent est le grand tabou de ce roman aussi documenté qu’un essai économique – l’argent dont le sexe est l’avatar triste et toujours décevant : « l’orgasme est une taxe financière ; à payer sans y perdre trop de temps, avec des brunes très jeunes ou des blondes grassouillettes, seules ou en couple, mais toujours manœuvrables et latérales, avec des flancs minces et des seins gonflés comme un juron », lit-on dans les dernières pages du livre. Mais « Résister ne sert à rien » n’est pas que cela. En effet, s’il était passé à la moulinette d’une traduction standardisante, il aurait manqué sa cible. Dans ce roman sur l’abus de pouvoir – du pouvoir de la fiction et de l’écriture, surtout –, dans ce récit jamais moralisateur, la langue endosse le rôle principal. Le traducteur, Serge Quadruppani, a tordu le cou au redoutable préjugé selon lequel une « bonne traduction » devrait donner l’impression d’avoir été écrite en français ; il est parvenu à préserver le trésor le plus précieux de l’œuvre de Siti, cette étrangeté qui s’immisce dans chaque phrase, dans chaque incorrection de langage, dans chaque virgule bizarrement placée. Le dialecte de la Rome indigente se mêle au " globish " des salles de marché, à l’espagnol italianisé d’une escort argentine, au latin d’une « écrivaillone » dans laquelle Tommaso cherche en vain un reflet flatteur, pour rejaillir chez un psychanalyste des beaux quartiers qui décrypte chacun des lapsus de ce héros déboussolé. En faisant entendre la version originale (conservant souvent, même, des fragments en italien dans le texte), la traduction nous plonge dans un monde désorienté, qui a aboli les frontières et qui pratique le mélange des genres. Si bien que lire Walter Siti en français aujourd’hui, c’est s’initier au bonheur troublant et exigeant de l’ "étrangeté " de la littérature étrangère.

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