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nouvelles

Points

Neuf 7,80
Occasion 1,75
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27 octobre 2013

"Le livre que j'ai le plus offert"

Il y a plus de dix ans, Geneviève Brisac publiait " La marche du cavalier ", un livre dédié à l'écriture de onze femmes, et un chapitre était consacré à Alice Munro. " Alice Munro, écrivait-elle, sait beaucoup de choses sur la magie de la création littéraire. Elle le fait sentir en quelques mots. Elle ne la met pas non plus en avant, convaincue que la tâche de l'écrivain est d'être fidèle à l'histoire. Elle s'efface, elle constate les méfaits du temps, de la bêtise et de la lâcheté. Ses personnages sont des bouchons de liège sur les vagues... "

Je me précipitai en librairie et achetai " La danse des ombres heureuses ". Quoi de plus exaltant que de découvrir un écrivain, de plonger dans un univers, d'avoir envie de lire toute l'œuvre ? À l'époque, il n'était pas aisé de trouver les livres d'Alice Munro. Il fallait de la persévérance. " Fugitives " est le livre que j'ai le plus offert, à des gens  qui ne la connaissaient pas et qui se méfiaient d'un auteur de nouvelles, parce que la nouvelle… Ces destins dont la vie bascule sur un détail, pour une broutille, ces femmes qui prennent la fuite, me bouleversaient, et j'avais envie de partager ce bouleversement. Est-ce un livre sur la perte des illusions, le renoncement ? Ou au contraire, est-ce un livre sur le possible, l'espoir de renaissance ? Je ne sais toujours pas, mais j'aime cette mise en abîme.  Il neige souvent dans les histoires d'Alice Munro, et dans l'immensité de ses paysages, les traces de ses personnages sont indélébiles et profondes.

_" Une chose étrange et terrible devenait claire pour elle: dans ce monde à venir, tel qu'elle se le représentait à présent, elle n'existerait pas. Elle le parcourrait seulement, ouvrirait la bouche pour parler, ferait ci ou ça. Elle ne serait pas vraiment là. " _

J'ai été émue en apprenant le nom du Prix Nobel de littérature 2013, parce que, de plus en plus, on lira Alice Munro.

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3,19
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24 octobre 2013

Les ados nous donnent de leurs nouvelles

****Un prix****** **Chaque automne, depuis 2006, le prix Clara récompense des nouvelles d'ados. Il a été créé en mémoire de la jeune Clara, décédée brutalement des suites d'une malformation cardiaque. Elle avait 13 ans. Depuis, des adolescents écrivent pour lui rendre hommage.

******Un recueil **Premier conseil : laissons âprement de côté nos préjugés sur les textes de jeunes écrivains. Car ce recueil d'ados -qui écrivent pour des ados- est bluffant. Les histoires tiennent debout, les intrigues sont bien ficelées. Si la critique est audacieuse, ce recueil l'est tout autant.

**Six nouvelles **Tout de go et non dans l'ordre : des héros attachants -un « martyr », un-professeur-de-mathématiques-très-sadique (qui m'a d'ailleurs fait penser à « L'atroce Monsieur Terroce », de J'aime Lire), une jeune femme passionnée- aux comportements parfois extravagants, des récits singuliers et bien vivants, empreints de créativité, de fraîcheur, mais aussi terriblement ancrés dans le présent. Une diversité de situations parfois saugrenues. De l'humour, du suspense, du piquant. Des leçons de vie, aussi. Six nouvelles qui s'avalent d'une traite ou indépendamment des unes des autres, assis, debout, par terre, dans un métro bondé... On lit. On corne les pages. On n'entend même plus la télé.

**Six lauréats **Il se prénomment Eugénie, Benjamin, Marie, Elorn, Irène et Annabelle. Ils ont entre quinze et dix-sept ans. Et cette année encore, le talent est au rendez-vous. En s'éloignant des sentiers battus, du schéma classique et du « trop scolaire », ils nous étonnent, manient la plume avec une facilité presque déconcertante. Ces jeunes écrivains en herbe savent parfaitement de quoi ils parlent. Bien sûr, ils ont un point de vue -un peu- candide. Bien sûr, ils posent un regard bienveillant sur leurs récits. Mais en ces temps de crise (et de déprime, et de grippe, et de temps gris de Toussaint), on en a, avouons-le, bien besoin. Fantaisistes ou bien réelles, ces six nouvelles épousent les questions de toute une génération.

**Un coup de cœur **Il y a quelque chose de poétique dans « Vim Corpus Tulit ». La jeune auteure traite d'un sujet grave -la violence conjugale- tout en finesse et sensibilité. Difficile de dire la souffrance, de mettre des mots sur les bleus, les coups, les non-dits. Du haut de ses dix-sept ans, Annabelle Moulin parvient à rendre compte de la douleur, aussi bien corporelle qu'intérieure. Mais rien à voir avec un manifeste sur la condition de la femme. Elle nous fait seulement entrer dans un univers, par une porte dérobée, et en peu de lignes, parvient à retranscrire une ambiance, une atmosphère... et à capter l'instant. Juste un moment, une demi-heure peut-être, chargée d'émotion, entre deux êtres humains. Un vrai coup de cœur.

**Une prochaine édition **Pour concourir à la prochaine édition du prix Clara 2014, il faut avoir moins de dix-sept ans au 28 septembre 2014. Pour en savoir plus <http://editionseho.typepad.fr/prixclara/>

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23 octobre 2013

Un week-end avec Joyce Carol Oates

J’avais coupé mon téléphone. Enfoui dans un coin de mon cerveau un tas de choses très urgentes, renoncé momentanément à la position verticale. Armée d’une théière isotherme et d’une paire de chaussettes de ski, en pilote automatique entre le lit et le canapé, j’ai passé un week-end avec Joyce Carol Oates. À chacun de ses livres (ici, un roman + un recueil de nouvelles) se produit le même sortilège. Je ne crois pas qu’on puisse « lire » Oates : je pense qu’elle nous happe, qu’elle nous broie. Ses livres exigent de nous que l’on se mette entre parenthèses…. mais quel délicieux assujettissement.

« Mudwoman » raconte l’histoire de Meredith, brillante philosophe et première directrice femme d’une des plus prestigieuses universités de l’Ivy League. La quarantaine passée, célibataire (= en relation depuis vingt ans avec un homme marié), physique singulier mais intelligence remarquable, Meredith mène une carrière fulgurante. Pourtant, alors que tout semble la pousser à poursuivre son ascension, son passé vient la percuter comme un boomerang. Et il y a de quoi faire mal : âgée de trois ans à peine, Meredith a été abandonnée par sa mère aliénée mentale, qui l’a jetée dans un marécage. La petite a été retrouvée in extremis, placée dans un foyer d’accueil puis adoptée par un couple de Quakers aimants et intelligents. Toute sa vie, elle est allée de l’avant, s’efforçant d’aimer ses parents adoptifs, de réussir à l’école, de sourire en toute occasion, d’être une professeure dévouée, puis une directrice progressiste et exemplaire. Mais Meredith n’a plus la force, elle sombre et inquiète les membres de son administration : il est temps pour elle d’affronter « Mudgirl ». Le roman nous entraîne dans un sombre et fascinant va-et-vient entre les différents chapitres de son existence, entre la boue et les sommets de la gloire. Un va-et-vient qui dévoile les secrets et écorne les images, qui creuse au plus profond des souvenirs.

Dans « Mudwoman », Oates retourne à ses sujets fétiches (à vrai dire, s’en était-elle jamais éloignée ?) : les mères dévoratrices, la violence des rapports hommes-femmes, le glissement vers la maladie mentale, et la – possibilité de – rédemption. À ses univers familiers, aussi : les ambiances feutrées des grandes universités américaines, les tensions post-11 septembre et les déchirements autour de la guerre en Irak.

Dans [« Cher Époux »,](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/cher-epoux-joyce- carol-oates/) le savoureux recueil de nouvelles que les Éditions Philippe Rey publient en même temps que « Mudwoman », on retrouve, éparpillé, un peu de tout cela, avec une note de violence encore plus assumée, ainsi qu’une place de premier plan pour les conflits de classes. En lisant ces nouvelles magistralement construites, à la férocité corrosive, on découvre que la reine du roman-fleuve  excelle aussi dans le très court.

À un moment de « Mudwoman », la mère adoptive de Meredith, bibliothécaire, dit à sa fillette apeurée : « dans les livres, on est en sécurité ». On ne peut pas imaginer de meilleure définition au hold-up littéraire que renouvelle pour la énième fois la Déesse des lettres américaines. Car il y a beau être question de folie et de pulsions morbides, d’abandon maternel et d’intense solitude, avec les histoires de Joyce Carol Oates, le lecteur ne cesse jamais d’être « entre de bonnes mains ». Parce que l’écriture de Joyce Carol Oates est d’une humanité absolue. Quelle que soit l’horreur, la lumière est toujours au bout du tunnel, les personnages trouvent toujours une ressource en eux, qu’ils sont libres d’exploiter ou non, mais qui les garantit contre la facilité de la tragédie ou du manichéisme. La subtilité inouïe de Joyce Carol Oates, son génie de la psychologie, son écriture du ressassement, qui accède par d’infinies touches à toute la complexité d’un personnage, atomise le champ du romanesque. Joyce Carol Oates n’est pas seulement une immense romancière, elle est aussi la plus grande prêtresse de la liberté.

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carnet parisien

Flammarion

3,99
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23 octobre 2013

Paris gourmand

L’Irlandaise Trish Deseine aime passionnément Paris où elle vit depuis 25 ans. C’est elle aussi qui a dépoussiéré il y a quelques années les livres de cuisine grâce à ses ouvrages sensuels et décomplexés, " Je veux du chocolat ", " J’en veux encore ", " Du caramel plein la bouche " et autres …

Dans la même collection qu’Inès de la Fressange et India Madhavi, elle arpente à son tour les rues de Paris et propose un carnet très subjectif de ses promenades gourmandes.

Le livre est très joli, abondamment illustré, très pratique, classé par thèmes : les restaurants, marchés, cours de cuisine, etc … Il propose aussi et c’est une très bonne idée, des sorties du dimanche qui associent promenades dans un quartier et bons bistrots. On peut seulement regretter qu’il y ait peu de réelles découvertes  et qu’elle ne sorte pas des sentiers battus. Mais l’ensemble a du charme et donne des idées de sortie lorsqu’on manque d’inspiration .

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22,00
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23 octobre 2013

Des nouvelles de Madame Oates

J’avais coupé mon téléphone. Enfoui dans un coin de mon cerveau un tas de choses très urgentes, renoncé momentanément à la position verticale. Armée d’une théière isotherme et d’une paire de chaussettes de ski, en pilote automatique entre le lit et le canapé, j’ai passé un week-end avec Joyce Carol Oates. À chacun de ses livres (ici, un roman + un recueil de nouvelles) se produit le même sortilège. Je ne crois pas qu’on puisse « lire » Oates : je pense qu’elle nous happe, qu’elle nous broie. Ses livres exigent de nous que l’on se mette entre parenthèses…. mais quel délicieux assujettissement.

[« Mudwoman »](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/mudwomen-joyce-carol- oates/) raconte l’histoire de Meredith, brillante philosophe et première directrice femme d’une des plus prestigieuses universités de l’Ivy League. La quarantaine passée, célibataire (= en relation depuis vingt ans avec un homme marié), physique singulier mais intelligence remarquable, Meredith mène une carrière fulgurante. Pourtant, alors que tout semble la pousser à poursuivre son ascension, son passé vient la percuter comme un boomerang. Et il y a de quoi faire mal : âgée de trois ans à peine, Meredith a été abandonnée par sa mère aliénée mentale, qui l’a jetée dans un marécage. La petite a été retrouvée in extremis, placée dans un foyer d’accueil puis adoptée par un couple de Quakers aimants et intelligents. Toute sa vie, elle est allée de l’avant, s’efforçant d’aimer ses parents adoptifs, de réussir à l’école, de sourire en toute occasion, d’être une professeure dévouée, puis une directrice progressiste et exemplaire. Mais Meredith n’a plus la force, elle sombre et inquiète les membres de son administration : il est temps pour elle d’affronter « Mudgirl ». Le roman nous entraîne dans un sombre et fascinant va-et-vient entre les différents chapitres de son existence, entre la boue et les sommets de la gloire. Un va-et-vient qui dévoile les secrets et écorne les images, qui creuse au plus profond des souvenirs.

Dans « Mudwoman », Oates retourne à ses sujets fétiches (à vrai dire, s’en était-elle jamais éloignée ?) : les mères dévoratrices, la violence des rapports hommes-femmes, le glissement vers la maladie mentale, et la – possibilité de – rédemption. À ses univers familiers, aussi : les ambiances feutrées des grandes universités américaines, les tensions post-11 septembre et les déchirements autour de la guerre en Irak. Dans « Cher Époux », le savoureux recueil de nouvelles que les Éditions Philippe Rey publient en même temps que « Mudwoman », on retrouve, éparpillé, un peu de tout cela, avec une note de violence encore plus assumée, ainsi qu’une place de premier plan pour les conflits de classes. En lisant ces nouvelles magistralement construites, à la férocité corrosive, on découvre que la reine du roman-fleuve  excelle aussi dans le très court.

À un moment de « Mudwoman », la mère adoptive de Meredith, bibliothécaire, dit à sa fillette apeurée : « dans les livres, on est en sécurité ». On ne peut pas imaginer de meilleure définition au hold-up littéraire que renouvelle pour la énième fois la Déesse des lettres américaines. Car il y a beau être question de folie et de pulsions morbides, d’abandon maternel et d’intense solitude, avec les histoires de Joyce Carol Oates, le lecteur ne cesse jamais d’être « entre de bonnes mains ». Parce que l’écriture de Joyce Carol Oates est d’une humanité absolue. Quelle que soit l’horreur, la lumière est toujours au bout du tunnel, les personnages trouvent toujours une ressource en eux, qu’ils sont libres d’exploiter ou non, mais qui les garantit contre la facilité de la tragédie ou du manichéisme. La subtilité inouïe de Joyce Carol Oates, son génie de la psychologie, son écriture du ressassement, qui accède par d’infinies touches à toute la complexité d’un personnage, atomise le champ du romanesque. Joyce Carol Oates n’est pas seulement une immense romancière, elle est aussi la plus grande prêtresse de la liberté.

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