Pour la première fois, un livre me réveille des trucs pas clairs, pas digérés, et c’est vraiment compliqué à gérer, à expliquer : le bouquin me fait vraiment peur. Non par sa dimension fantastique, gothique, abstraite, peut-être un peu par sa langue singulière, oppressante et étouffante, certainement par son réalisme terrifiant, sa façon de dire l’humain, de dire mes peurs… le bouquin me touille ! Et plus que tout, la peur de ne jamais trouver quelqu’un que ce roman toucherait autant moi, la sensation d’être terriblement seul, la sensation d’être aplati… L’idée que ce livre puisse ne pas toucher tout le monde me rend très malheureux…

Mes certitudes n’en sont plus… Le dilemme est là : parmi les livres d’Isabelle Aupy, j’adulais « l’homme qui n’aimait plus les chats » au chapitre des fables satiriques et, maintenant, depuis ma découverte de « l’âge du capitaine », et même si je ne suis pas sûr que ça a un grand sens de les comparer, je n’arrête pas de me demander si à l’avenir, je ne préférerais pas encore plus proposer ce texte en lecture à des élèves, en « classique » qu’il FAUT avoir lu au moins une fois. Une fois encore de la part d’une grande Dame qui maîtrise les images comme personne, la démonstration la plus pure et la plus parfaite que la plume est plus forte que l’épée…

Un roman qui mérite d’être dévoré, encore, et encore, et qui doit être partagé, encore, et encore…

Ne vous fiez pas aux apparences, malgré leur air ancien et un peu austère, on se pisse toujours autant dessus en lisant les bandes détournées. Enfin, en tout cas, moi, je me pisse dessus.

Dans Terres promises, y a des cowboys, et ça, c'est bien, mais encore mieux, il y a une langue savante et une façon de raconter les histoires tout aussi savante sans cesse renouvelée d'un chapitre à l'autre. Un livre sur les ruées vers l'or (et ça, c'est bien !) et sur les vies abîmées...

C'est un gars, quand il s'énerve, les mecs autour de lui meurent, du coup, c'est pas pratique.