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Albertine

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Sous le pseudonyme d'Albertine, hommage à Marcel Proust, se dissimule une Joëlle passionnée de lecture depuis l'enfance. Mon appétit d'ogresse pour les mots, les histoires, les voyages à travers les pages ne s'est pas atténué avec les années. Je marche au coup de cœur, guidée par ma curiosité qui m'incite toujours à découvrir de nouveaux écrivains, à explorer de nouveaux genres. Je navigue entre romans policiers, fresques historiques, livres feel-good et essais sur l'actualité, au gré de mes humeurs et des rencontres avec certains auteurs. Participer à Dialogues Croisés, c'est partager ce bonheur de lire et avoir l'opportunité de mettre dans la lumière des « pépites » littéraires.

Conseillé par
2 septembre 2010

Madagascar VS Saint-Germain en Laye

Le roman de Catherine Missonnier semble avoir été écrit pour ma mère, aurait pu être écrit par ma mère... L'histoire d'Anna, 15 ans en 1956, pensionnaire dans un établissement pour jeunes filles, m'a rappelé de nombreux épisodes de l'adolescence de celle-ci.

L'action se déroule à Madagascar et le thème du colonialisme est très présent. Je doute que Môman ait connu à Saint-Germain en Laye les mêmes problèmes d'intégration que l'héroïne et le même sentiment d'appartenir à une "élite" blanche, fort mal considérée, et avec raison, par les autochtones. Quoique, connaissant le tempérament bouillant de ma génitrice, elle était capable de brandir le drapeau breton et de revendiquer ses racines avec virulence...

Ce n'est pas cet aspect, finement traité, que j'ai retenu mais les préoccupations quotidiennes des adolescentes où vêtements, coiffures, maquillage occupent beaucoup les esprits : Bardot est la référence absolue ! Le pensionnat crée aussi des amitiés solides et la préparation du spectacle de fin d'année : une pièce écrite par ses demoiselles avec action, passion et costumes (évidemment !) soude encore de petits groupes unis par des affinités intellectuelles.

J'ai entendu souvent ma mère me raconter ses années à l'Ecole Normale et elles ressemblaient beaucoup à celles décrites par Catherine Missonnier. Un petit coup d'oeil sur la bio de l'auteur : tiens, c'est une contemporaine de maman... Tout s'explique !

Un très beau roman au style classique, qui aborde avec subtilité des sujets difficiles : la colonisation, les "unions " mixtes ou encore les tentatives d'évangélisation "aux forceps".

Neuf 22,50
Occasion 3,19
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25 août 2010

des cartes mille fois rebattues...

La quatrième de couverture, éternelle tentatrice, m'avait laissé espérer le meilleur : une vision moderne et poétique de Bombay... Au final, j'ai le sentiment d'avoir été un peu flouée : le style hésite entre du pseudo-poétique, du verbiage pompeux sur l'art et quelques rares passages réussis : des scènes de rue en particulier.

Les personnages sont pour la plupart caricaturaux:

Karan, jeune provincial, photographe de talent, qui veut à travers ses clichés découvrir l'âme de cette cité tentaculaire. Il va bien évidemment déchanter...

Rhéa, épouse soumise, artiste brimée, qui permettra à Karan d'expérimenter les plaisirs de l'amour avec une femme plus mûre. S'en suivront les traditionnels problèmes du trio amoureux. Signalons la description de leur première étreinte qui mérite de figurer dans le top de la littérature érotique harlequinesque...

Samar, pianiste virtuose et homosexuel et Zaïra star de Bollywood adulée par le public mais amoureuse de Samar. Ils vont devenir les amis de Karan qui grâce à eux sera introduit dans le milieu branché de la ville.

Et les flamants dans tout ça ? Karan les photographie à plusieurs reprises et ses clichés, s'ils avaient existé, auraient probablement été magnifiques.

Une lecture laborieuse qui ne m'a pas permis de mieux connaître le coeur palpitant de Bombay...


Neuf 7,60
Occasion 2,00
Conseillé par
21 août 2010

ni blanche, ni noire...

Frau Doktor Rother devrait normalement me hérisser le poil , elle cumule tant de défauts que l'effet repoussoir aurait dû me faire refermer rapidement ce livre. Et pourtant, je l'ai dévoré !

L'auteur, petite-fille du personnage principal, décide de donner la parole à celle-ci depuis l'au-delà. Elle lui permet de retracer l'histoire de la famille depuis sa naissance en Rhénanie jusqu'à son décès à New-York. Cette narration à la première personne nous révèle les pensées les plus secrètes de l'héroïne, aristocrate catholique, persuadée de sa supériorité physique et morale sur le reste de l'humanité.

" J'incarnais, dans notre famille, l'apogée de la beauté féminine" est le constat "objectif" qu'elle nous délivre au début de ses "Véridiques Confessions".

Au fil des années, elle se révèle hypocondriaque, tyrannique avec son personnel et raciste. Triste individu me direz-vous ?

Cette vision très noire serait pourtant inexacte. Pourquoi ? Cette femme va épouser un jeune médecin juif contre l'avis des siens et quitter le berceau rhénan de la famille pour la Silésie. Elle prendra à son service Liesel, qu'elle traitera toujours en domestique mais ce ne sont là que les apparences. Entre ces deux femmes se noueront des liens profonds et seule la mort parviendra à les séparer. Elle assurera à tout un chacun détester les gens de couleur mais cette posture idéologique apprise durant l'enfance ne l'empêchera nullement d'accepter les invités noirs que lui amènera sa petite-fille.

Et surtout, Carlin (surnom que lui a donné sa fille Renate en raison de son embonpoint) est doté d'un caractère fort bien trempé qui l'amènera à sauver son mari et sa fille des mains des nazis et lui apportera la volonté de se reconstruire une identité en Amérique. Alors, blanche colombe ?

Ni blanche, ni noire, cette grand-mère est une personnalité complexe, difficile à saisir, qui nous entraîne joyeusement dans le tourbillon de sa vie : une sacrée bonne femme !

Irène Dische, la "brebis galeuse" de la famille, trouve ici les mots pour faire revivre celle qui l'exaspéra souvent au plus haut point mais qu'elle devait aussi aimer profondément.


Sonatine éditions

3,19
Conseillé par
20 août 2010

Un polar dans le monde de l'art

A la réception de ce roman, la quatrième de couverture m'avait immédiatement séduite : un enquêteur atypique puisqu'il s'agit d'un galériste et une intrigue construite autour d'une oeuvre qualifiée, à défaut de pouvoir la cataloguer précisément, "d'art brut".

Il s'agit en fait de milliers de dessins sur des feuilles format A4 qui, une fois réunis, forment un univers cohérent mais digne de Jérome Bosch. Sur le dessin n°1 figurent cinq visages enfantins et il s'avère assez rapidement qu'il s'agit de cinq garçonnets assassinés quarante ans plus tôt selon le même mode opératoire.
Ethan Muller est rentré en possession de ces dessins par l'intermédiaire du meilleur ami et associé de son père. Ceux-ci ont été trouvés dans un appartement d'un grand complexe immobilier qui appartient à la famille Muller et que gère cet associé. Le locataire a disparu et les dessins sont donc "abandonnés". Le héros va créer l'événement autour de cette trouvaille, conférant à cet ensemble de dessins le statut d'oeuvre en les exposant dans sa galerie.
Peu à peu happé par cet univers sur papier, il va chercher à retrouver leur auteur, qui est peut-être aussi un "serial killer" et délaisser ce qui comptait pour lui : le milieu artistique où les marchands d'art règnent en maîtres absolus.
La peinture de ce milieu n'est pas neuve pour moi car je m'intéresse depuis longtemps à ce microcosme souvent délétère. Cela a peut-être atténué mon plaisir de lecture. J'ai beaucoup plus apprécié les retours dans le passé où l'auteur remonte jusqu'à l'arrivée des Muller en Amérique. A l'époque, leur nom de famille était Mueller et leur origine modeste, de même que leur confession juive, n'avaient pas été soigneusement effacés de l'arbre généalogique. Le dernier rejeton de la "dynastie" est Ethan et il le confesse lui-même, son narcissisme peut lasser. Effectivement, j'ai éprouvé de la difficulté à m'attacher à ses pas et à son enquête tant son attitude m'exaspérait parfois.
Mon impression générale est donc moins favorable que mon enthousiasme à la lecture du résumé. Ce polar est intelligent, vif, habile mais il manque l'étincelle d'humanité qui fait la différence.

Neuf 8,60
Occasion 3,90
Conseillé par
20 août 2010

L'histoire est celle du vieux Nikolaï, ukrainien d'origine et vivant en Angleterre. Il a 84 ans et survit tant bien que mal après le décès de son épouse. Il se nourrit d'infâmes compotes qu'il confectionne avec les pommes du jardin.

Ses deux filles, Véra et Nadezhda ne se précipitent pas trop au chevet de cet ours mal léché qui a entrepris de rédiger un historique du tracteur en Ukraine. Mais voilà que notre ancêtre se met en tête d'épouser une jeune Ukrainienne de 36 ans,Valentina, à la poitrine avantageuse et au verbe haut. Les deux soeurs, fâchées après le décès de leur mère pour un problème d'héritage, vont faire front commun contre l'envahisseuse qui "plume" leur père pour profiter du luxe à l'occidentale.
Les situations décrites sont souvent très drôles même si elles sont à la limite du pathétique. L'auteur aborde franchement la difficulté de voir vieillir ses parents et le rôle qu'il convient alors d'assumer auprès d'eux. Le portrait de Nikolaï est particulièrement réussi, le vieil homme nous est présenté selon différents points de vue en fonction du personnage qui le décrit. Certains passages serrent un peu le coeur mais le rythme rapide de la narration ne nous laisse pas le temps de nous apitoyer: une péripétie amusante chassant la larme qui pointe parfois au coin de l'oeil.