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Conseillé par (L'Autre Monde)
2 septembre 2017

Un certain M Piekielny

Un roman biographique sur Gary ? Vous vous dites que ça peut être bien mais que ça va être un peu pépère en terme d’écriture ou de suspense... et puis Gary a déjà écrit la Promesse de l'aube alors pourquoi diable aller lire Désérable ?
Et bien ce roman biographique (car il s'agit bien de cela et de rien d'autre, ne nous y méprenons pas) n'est pas chiant du tout, bien au contraire : il sait se montrer drôlatique et farfelu !
C’est sans doute pour éviter l'ennui mais aussi l'obligation de devoir coller à la vie du grand homme, et à sa légende pour le moins encombrante, que Désérable choisit de raconter la vie de ce M Piekielny que Gary cite vaguement dans la Promesse de l’aube et dont on ne sait rien : rien ne saurait entraver l’imagination et la verve de Francois-Henri. Un bonheur !

Neuf 21,50
Occasion 20,90
Conseillé par (L'Autre Monde)
24 août 2017

Les huit montagnes

Dans l'Italie des années 70, Pietro vit avec ses parents à Milan mais passe toutes ses vacances en montagne, dans la vallée d'Aoste. Pietro est enfant unique : il doit donc supporter seul les rêves de ses parents, notamment ceux de son père. Ce père, ingénieur, vivant à la ville par contrainte mais grand amoureux de la montagne, emmène Pietro dès son plus jeune âge dans d'interminables randonnées. Pietro développe peu à peu une aversion pour ces randonnées, puis ce père ; car il ne comprend pas encore la beauté de ces paysages et surtout l'acharnement paternel à escalader chaque petit bout de montagne.
Au village cependant, Pietro fait la découverte de la fraternité grâce à son amitié avec le petit Bruno, enfant de bergers. Cette amitié lui permettra de voir la montagne autrement et un jour de renouer avec son père. Ce n'est qu'à la mort de ce dernier qu'il comprendra la passion dévorante du père : parce qu'il existe des événements qui donnent forme à votre vie sans que vous ayez connaissance de leur existence.
Dans ce très beau roman sur la filiation et sur la fraternité, Paolo Cognetti déploie une écriture simple et poétique qui nous fait partager son amour de la montagne, des ascensions, des hommes qui l'habitent... Ce roman a reçu le prix Strega (le Goncourt italien) et mérite toute votre attention !

Nouvelles

Editions Page à Page

18,00
Conseillé par (L'Autre Monde)
24 août 2017

Si un inconnu vous aborde

Si vous avez un jour mis les pieds à la librairie, vous connaissez notre passion pour l’œuvre de Laura Kasischke ! Que celui, ou celle, qui n'a pas encore lu A moi pour toujours ou Esprit d'hiver porte plainte auprès de ses libraires !
Pour cette rentrée, Laura Kasischke revient avec un formidable recueil de nouvelles !
Comme dans ses romans, vous allez voir sourdre une inquiétude étrange dont vous aurez du mal à identifier la source mais qui vous secouera en profondeur... Parce que c'est ça la force des textes de Kasischke : leur rémanence ! Longtemps après la lecture, on reste habité par des atmosphères. Des scènes vous reviennent comme des flashs, des impressions vous collent à la peau. Comme toujours chez Kasischke, c'est le quotidien qui déraille peu à peu : c'est l'histoire d'un père qui vient à l'anniversaire de sa petite fille et dont la présence instille peu à peu la terreur chez tous les participants, d'une virée en bagnole qui hante son chauffeur pendant des années...
Saluons à cette occasion la renaissance des éditions Page à Page, lesquelles avaient édité il y à quelques années les poésies de Laura Kasischke (et qui paraîtront en Points au même moment)

Neuf 19,80
Occasion 3,19
Conseillé par (L'Autre Monde)
17 août 2017

Encore vivant

Pierre est bipolaire, et c'est en pleine crise que débute ce roman très tendu et très fort !
Autant vous dire qu'on a un peu de mal à rentrer dans les premières pages ; mais le style et le ton vous accrochent et, tout à coup, tout devient plus clair ! Tellement clair que a fait mal aux yeux : c'est l'histoire d'un gamin brillant, issu d'un milieu paysan, confronté à l'élitisme de la classe prépa, à la très grande bourgeoisie (il épousera l'arrière petite nièce de Camille Claudel, arrière petite fille de Paul) et finira par développer ses premiers troubles. Plus tard, soigné et devenu journaliste à l'Humanité, il trouvera sa place chez ces grands bourgeois : il jouera le rôle du trublion ! Jusqu'à la rupture...
Dans la lignée d'Annie Ernaux ou de Didier Eribon, Pierre Souchon ausculte sa vie pour en faire un roman réel, particulièrement fort, psychologiquement dérangeant et sociologiquement implaccable ! Du très grand art pour un premier roman...

Conseillé par (L'Autre Monde)
11 juin 2017

Chemin faisant

Chemin faisant, Jacques Lacarrière (La Table Ronde, collection La Petite Vermillon)
Ce texte fait figure d'ancêtre dans la littérature de la marche. Sa première édition date de 1973, une époque où la marche n'est pas encore un hobby mais une pratique réservée aux malchanceux qui ne peuvent jouir de l'automobile. Combien de fois Lacarrière nous narre-t-il ses tentatives plus ou moins heureuses d'ailleurs de convaincre les automobilistes qu'il n'a nul besoin qu'on le dépose !
Que les choses soient claires : Jacques Lacarrière ne part nullement « randonner ! Il se « promène » ! La différence est de taille  car le côté sportif de l'aventure lui échappe totalement : il parcourt 60 km les 3 premiers jours puis prend une journée de repos à l'hôtel pour s'en remettre. Idem pour ce qui est du matériel : il part en Pataugas avec une flasque de rhum et compte sur les ruisseaux pour se désaltérer.
Il part aussi sans itinéraire et sans carte, s'en remettant aux chemins et aux gens qu'il rencontre. Il part des Vosges, traverse le Morvan et l'Auvergne pour rallier la Méditerranée. Il passe par Epinal, Langres, Avallon, St Flour, Lodève... Lacarrière ne « fait » pas un parcours prédéfini : il trace son propre chemin dans la nature, parmi les hommes, loin des sentiers battus.
Il part d'ailleurs autant pour la nature que pour les hommes qui l'habitent. Il prend le temps de discuter avec un bûcheron, de boire un verre dans les cafés de campagne qui composent encore le paysage à l'époque, de dormir chez l'habitant le cas échéant. Ces hommes et ces femmes lui racontent, dans leurs patois souvent, leur travail, leur vie, l'histoire des paysages qu'il traverse. Dans Chemin faisant, pas de pensées philosophiques ni de descriptions interminables mais des rencontres humaines.
Alors pourquoi coucher tout cela sur le papier ? Pour immortaliser ces rencontres ? Pour faire souffler le vent de l'aventure chez ses lecteurs ? Ou pour continuer à dilater le temps comme c'est le cas dans ces ballades au long cours ?