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Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

One-Shot

Delcourt

22,95
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 novembre 2022

Un roman graphique intimiste et touchant

Avec ses couleurs sépia et son petit format à l'italienne intimiste renvoyant à l'album photo, le nouvel opus de l'espagnol Paco Roca nous convie à un voyage dans le temps.
Après nous avoir parlé d'un père disparu et de ses trois enfants adultes dans le bel album "La maison" (Prix Eisner en 2020 dans la catégorie "album international"), Roca revient sur la vie de sa mère, Antonia, à travers la (re)découverte d'une photo prise durant l'été 1946 à laquelle elle tenait beaucoup.
Se sentir rattaché à sa famille, à ses ancêtres, au passé et ainsi faire partie d'un tout sont des notions importantes pour l'auteur-illustrateur ; il le dit d'emblée dans les premières pages très originales.
Ce retour en arrière dans la mémoire familiale n'est en effet pas un simple prétexte à dessiner, il permet à Roca de lutter contre " l'oubli fatal qui s'acharne à gommer le passé ".
Il offre avec cet album non seulement un très bel hommage à sa mère mais également un témoignage sur une famille espagnole extrêmement modeste, sur une époque (l'après guerre civile) et une société rigide dominée par les hommes, les croyances et l'Église, sur l'éducation donnée aux filles privées d'école pour cause de travail domestique.
L' alternance des cases avec des illustrations pleine page et l'utilisation de la photo de famille comme fil rouge narratif créent un rythme dynamique au récit délicat et émouvant. Le dessin naïf et épuré de Roca sied particulièrement bien au thème et contribue au charme de cet album.

Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 novembre 2022

Un roman bouleversant et très fort, peut-être le meilleur de Collette !

Roman après roman, Sandrine Collette nous étonne, nous ensorcelle, nous subjugue.
Toutes ces sensations se sont renouvelées à la lecture de son nouveau roman, beau, inclassable, fort, peut-être son meilleur.
Liam, homme des bois n'étant jamais plus heureux que lorsqu'il part chasser dans les montagnes qui entourent sa cabane en bois, va finir par rencontrer lors de l'un de ses rares voyages en ville une jeune étudiante prénommée Ava. Le désir surgit et se consolide vite ; elle part vivre avec lui en acceptant d'affronter la solitude et la nature omniprésente.
Liam a alors 22 ans et a choisi cette vie d'ermite depuis deux ans déjà. Il vit de la chasse, revend les peaux des animaux qu'il traque et fréquente -rarement- ses voisins. Tout comme chaque membre de cette petite communauté de montagnards, il sait qu'il peut compter sur les rares habitants éparpillés dans la montagne en cas de problème.
Aru va naître et il est âgé de 5 ans quand Liam va prendre une décision qui va l'obliger à lever les yeux et à fouiller son âme.
Roman bouleversant, hymne à la vie sauvage, concentré d'émotions, ce livre est tout en tensions, jusqu'à la fin.

Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 novembre 2022

Sakura vit avec sa mère japonaise et son père français à Tokyo. Elle n'a que 5 ans lorsque sa mère est renversée par un véhicule.
Guillaume élève sa fille désormais seul. Il restent à Tokyo où Guillaume travaille dans une agence en tant qu'architecte mais ne voient pas la grand-mère maternelle de Sakura qui vit dans un petit bourg à la mer.
Alors que Sakura a 8 ans, Guillaume doit se rendre en Inde sur un gros chantier. Il décide de confier la fillette à Masumi, sa belle-mère, qui accepte bien volontiers, heureuse de pouvoir connaître un peu mieux sa petite-fille. Sakura redoute cette séparation car si elle a déjà rencontré sa grand-mère, elle n'en a qu'un vague souvenir.
Le séjour chez Masumi va permettre à Sakuro de soulager sa peine, de découvrir l'amour que lui porte sa grand-mère, la maison dans laquelle a grandi sa mère et les traditions de son pays qu'elle connaît fort mal car élevée à l'occidentale dans une très grande ville.
Sakuro va confier ses sentiments et ses impressions à un journal intime qui va également l'aider à mettre des mots sur son chagrin.
Cet album aborde le deuil chez l'enfant mais c'est avec une grande délicatesse aussi bien dans le texte que dans le dessin que Marie Jaffredo en parle. Il évoque aussi la façon dont les Japonais intègrent les morts dans une philosophie du Tout laissant ainsi leur mémoire se perpétrer dans ce qui les entoure.
J'avais déjà beaucoup apprécié l'album autobiographique de l'auteure-illustratrice paru en 2019 intitulé "Yuan, journal d'une adoption" dans lequel elle racontait l'adoption d'une fillette chinoise par son couple.
A lire dans la même veine : "L'été de la sorcière", roman de Kaho Nashiki paru aux éditions Picquier.

D'après le roman culte de Trevanian

Les Arènes

29,90
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 novembre 2022

Une histoire complexe, un héros hors normes !

Adapter le roman de Trevanian qui se situe dans les années 70 était une gageure que relèvent haut la main Perna et Hostache.
Certes, à intrigue complexe et à récit foisonnant, roman graphique épais et dense, mais quel plaisir de retrouver Nicolaï Hel, samouraï des temps modernes, grâce à ce duo...
Perna a su intégrer dans sa narration les multiples éléments qui ont fait de ce roman un livre unique et inoubliable, l'un de mes incontournables dans ma vie de lectrice.
L'histoire tourne donc autour de ce fameux Nicolaï, personnage exceptionnel et mystérieux qui a mis ses capacités hors normes au service des plus offrants en devenant tueur à gages. Divers gouvernements et officines secrètes ont fait appel à lui pour sa discrétion et son taux de réussite...
Ce qui constitue le début du roman narrant sa naissance et son enfance d'orphelin pris en charge dans un monastère japonais va être relaté au début de la bd par l'un des chefs de la "Mother Company", société secrète réunissant les plus grandes entreprises américaines et douée d'une puissance telle que la CIA, le FBI et le gouvernement américain s'inclinent face à ses desiderata.
Hel lui-même n'apparaît que plus tardivement, alors qu'il vit retiré dans son domaine au... Pays basque.
Hel va se mettre à dos la "Mother Company" et ses sbires en voulant aider une jeune femme dont le groupuscule terroriste vient de se faire laminer.
"Shibumi" est un roman d'action et d'espionnage tout à fait à part tant la figure centrale de Hel est exceptionnelle. Il y est question de code d'honneur, d'amitiés indéfectibles, de terrorisme international et de "shibumi", philosophie qui prône l'excellence personnelle. Une histoire complexe mais qui vaut vraiment le détour...

Les Arènes

24,90
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
14 novembre 2022

Un roman graphique incontournable en cette fin d'année !

Adapter un roman ou un récit est chose périlleuse tant la densité littéraire est quasiment impossible à rendre. Le trio qui s'est lancé dans l'adaptation du roman d'Olivier Guez - Prix Renaudot 2017 - y réussit cependant brillamment.
La cavale de Josef Mengele, l'un des pires médecins des camps d'extermination et auteur ignoble et effrayant d'expérimentations entre autres sur des jumeaux ou des personnes atteintes de nanisme, est au cœur de l'histoire.
Cette cavale commence dès 1949 avec le départ de Mengele en bateau pour l'Argentine sous une fausse identité.
Cette fuite va se poursuivre jusqu'à sa mort en 1979 et met en lumière la façon dont de nombreux nazis ont pu échapper à la justice grâce à la complicité de leurs familles, du réseau nazi très étendu et aux ramifications internationales et au soutien de dictateurs tel que Peron en Argentine.
Si on suit Mengele dans son parcours de fuyard, d'autres points de vue complètent et enrichissent le récit : celui de sa famille - de riches industriels qui ont continué à prospérer après la guerre - qui l'a soutenu financièrement jusqu'au bout ; celui du juge allemand Bauer ; celui du Mossad et celui du couple qui a hébergé Mengele au Brésil.
Le dessin nerveux et expressif de Mailliet accompagne parfaitement le texte dense ; il rend tout à fait le côté sombre de l'histoire mais également la personnalité de Mengele atteint de délire de supériorité et de paranoïa. Guez et Matz en font un personnage pitoyable et abject qui n'a jamais renié ses convictions haineuses et mortifères.
Un des romans graphiques incontournables de cette fin d'année, à faire lire également aux ados.