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Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

23,80
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
7 septembre 2023

Le 3ème roman de ce jeune auteur sarde, traduit en français par Anatole Pons-Remaux, vient de paraître aux éditions Gallmeister qui l'ont fait découvrir en France.
On y retrouve le flic et criminologue Vito Strega dans sa 1ère enquête.
Pas zen pour deux sous et ne supportant pas que des fous furieux se baladent dans la nature, Vito vit une période bien sombre.
Il a en effet été mis sur la touche par sa hiérarchie suite à une grosse bavure et il doit subir un suivi psychologique auquel il a du mal à se soumettre. L'inaction lui pèse terriblement mais sa collègue Teresa Brusca va le contacter pour qu'il l'aide de façon informelle alors que plusieurs ados sont accusés de meurtres d'une rare violence.
L' enquête se déroule à Milan bien avant celle qu'il mène dans "L'illusion du Mal" avec ses 2 collègues sardes.
Un vrai plaisir que de retrouver la plume de cet auteur découvert avec "L'île des âmes" et une excellente façon de bien commencer
cette reprise de septembre !

Éditions de L'Olivier

Neuf 23,50
Occasion 9,00
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
30 août 2023

Un roman construit de façon brillante et ingénieuse !

Brillant, osé, original : la lecture de "Trust" m'a totalement retournée et je peux même ajouter que le bonheur de lire une œuvre aussi ingénieuse s'est prolongé bien après avoir refermé le livre.
Façonnée en 4 parties, la structure peut décontenancer voire agacer parce que le lecteur ne perçoit pas de suite ni la logique ni la cohérence du texte. C'est en poursuivant la lecture qu'elles vont peu à peu apparaître ; les morceaux de ce puzzle vont finir par s'assembler pour constituer le portrait concave et convexe d'un couple américain hors normes de par leur caractère, leur intelligence et leur richesse.
C'est aussi le portrait d'une certaine Amérique, celle de l'argent, qui se dessine, décor contenant les névroses des personnages, la violence des rapports humains et le patriarcat imposé comme système de pensée et de fonctionnement.
Vertigineux, le thème du roman -la construction des États-Unis par le biais de la finance et de l'accumulation du capital- est parfaitement illustré par les personnages principaux et secondaires.
L' un des meilleurs romans de cette très belle rentrée littéraire.

Neuf 22,50
Occasion 15,00
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
25 août 2023

Un roman furieux et de magnifiques personnages

S’il est un auteur qu’on aime à retrouver à chacun de ses romans, c’est bien Chalandon, et encore plus en ce mois d’août avec son « enragé ».
D’une plume qui fouaille dans les entrailles des destins et des passés, les siens et ceux de ses personnages, Chalandon signe à nouveau un grand roman, celui de l’enfance perdue, balancée entre les murs d’une maison de redressement, située à Belle-Île-en-Mer ; cette geôle n’en porte pas le nom mais elle en a toutes les caractéristiques : violences, humiliations, travail forcé et faim sans fond ont façonné ce lieu en un condensé de l’enfer sur terre. Les gamins apprennent en y entrant qu’ils ne pourront pas échapper au choix qu’ils devront faire, devenir un caïd ou sombrer en devenant souffre-douleur.
Quand il a passé le portail la première fois, Jules Bonneau a choisi, vite. Il sera un de ceux qui résistent à tout : aux coups, aux jaloux, aux gardiens vicieux, aux punitions. On l’appellera la Teigne parce que c’est le nom de guerre qu’il s’est choisi.
Là-dedans, tout tient grâce à la trique et aux menaces mises souvent à exécution mais un jour de vexations de plus et le trop plein de tout va faire vriller les gamins qui vont laisser exploser leur colère et leur hargne. À partir de ce jour, la vie de Jules va basculer.
S’inspirant d’un fait divers datant de 1934, Chalandon crée un personnage magnifique de jeune rebelle qui n’a que sa haine pour toute fortune et ses poings pour tout bagage. Il dépeint avec finesse la complexité des sentiments qui l’animent et ses rapports difficiles avec autrui et au monde.
Chalandon retrace un moment peu glorieux de notre histoire et on est révoltés en lisant les conditions de vie qui étaient réservées à ces gosses malchanceux ou abandonnés. Mais il va plus loin en inventant une vie à son Jules, une liberté retrouvée grâce à des hasards qui vont croiser sa route. Un roman très fort, émouvant et de très beaux personnages : un autre incontournable de cette rentrée littéraire !

Neuf 8,30
Occasion 3,99
Conseillé par (Au moulin des Lettres)
23 août 2023

Un très beau roman féministe au temps des cathédrales

Plonger dans l'Histoire par le biais de la fiction m'a toujours plu et quand le roman est réussi, c'est un vrai plaisir que de voyager ainsi dans le temps.
L'auteure nous transporte dans le Paris des années 1470 et nous fait découvrir l'amour croissant d'une fillette, Marguerite, dotée d'une sensibilité extrême, pour le monde du dessin et des couleurs. La petite est en effet née en 1468 au sein d'une famille d'enlumineurs. Son grand-père et son père dirigent un atelier réputé pont Notre-Dame, l'atelier A l'Étoile d'or. Or, l'époque est à la paix, les activités de l'artisanat et du commerce sont en plein essor et ce sont désormais des familles aisées qui souhaitent avoir leur propre Livre d'heures enluminé par les artistes peintres selon leurs demandes.
Mais Marguerite est une fille et sa mère ne souhaite qu'une chose, lui apprendre à devenir une jeune fille bonne à marier.
L'univers de l'enluminure est reproduit ici par petites touches, dans des chapitres courts et avec beaucoup de poésie. C'est avec les yeux de Marguerite que l'on découvre le travail, l'atelier, les matériaux utilisés et le savoir-faire de ces artisans de la beauté.
On va suivre Marguerite dans l'affirmation de cette passion tout au long des années qui vont passer jusqu'à l'an 1499. A travers son histoire, on va découvrir les événements intimes qui vont la toucher mais aussi ceux qui vont rythmer la vie de sa famille et celle des Français.
L'auteure, elle-même relieuse, transcrit admirablement les sensations liées au travail de l'enluminure mais également les sentiments de ses personnages et cela avec beaucoup de finesse.

Conseillé par (Au moulin des Lettres)
22 août 2023

Un roman d'aventures au temps des galions

Plein du fracas des conquêtes maritimes portugaises, ce roman passionnant va faire se croiser le destin de multiples personnages dont les trois principaux : Fernando, Diogo et Marie. Le récit se déroule sur plusieurs années, entre 1623 et 1627, et nous fait aborder de multiples rivages : ceux du Brésil, ceux du comptoir de Goa en Inde et ceux des plages landaises du Médoc.
L’histoire du très catholique Portugal en ce XVIIe siècle est reconstituée au travers des périls encourus sur les mers par ses bateaux de guerre et de commerce et sur des terres lointaines pillées par ces « maîtres des mers ».
Évoquant les romans de piraterie mais également roman historique relatant l’occupation de ces territoires tant convoités, promesses de produits exotiques raffinés et de main-d’oeuvre bon marché, Pour mourir, le monde raconte aussi les batailles entre pays occidentaux pour conserver les comptoirs notamment brésiliens : si les Portugais et les Espagnols ont su jusque-là s’imposer dans cette partie du monde, les Hollandais tentent en effet d’enlever ces ports à la force des canons emportés sur leurs galions.
Mais peu importe, que l’on soit Portugais ou né sous une autre étoile, on navigue, on fait naufrage (ou pas), on évangélise, on commerce, on change de maître quand on peut pour en trouver un plus aimable et on trucide à tout va…
Dispersés entre Brésil, Inde et côtes françaises, Fernando, Diogo et Marie vont se trouver au bout de leurs histoires…
Yann Lespoux nous offre un premier roman foisonnant, habilement construit en chapitres qui alternent personnages et lieux et extrêmement riche en détails et en descriptions historiques. Entraînés dans les remous de l’Histoire, on ne s’ennuie pas un instant à sa lecture, l’un des gros coups de coeur de cette très belle rentrée littéraire !