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nymeria

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Grande lectrice depuis toute petite et blogueuse depuis peu, j'adore lire pour m'évader, découvrir de nouveaux auteurs et partager mes impressions avec d'autres lecteurs. ^^

3,19
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17 avril 2011

Suite directe de "Enfant 44", nous retrouvons Léo et Raïsa, 3 ans après les faits de ce premier roman. A la lecture des premières pages, le lecteur se rend vite compte que nos deux héros ne nagent pas dans le bonheur. Les deux fillettes qu’ils ont adopté ne leur pardonnent pas la mort de leurs parents. Surtout Zoya, l’aînée, qui essaie même de tuer Léo pendant son sommeil…Leo tentera de la sauver malgré la haine qu’elle lui porte. Car, et bien sûr c’était à prévoir, Léo porte toujours le fardeau de ses fautes commises au sein du MGB et des fantômes du passé risquent bien de ressurgir…
Tom Rob Smith ne ménage pas ses personnages et le pauvre Leo devra reprendre du service dans ce second tome. Le contexte historique qui était déjà planté dans Enfant 44 est repris ici, sa part est donc moindre et du coup Kolyma perd un peu de l’attrait qui caractérisait le premier tome, à savoir son côté historique riche en détails. Celui-ci est toujours présent mais un peu plus occulté, même si on apprend pas mal de choses sur la vie dans les goulag et les gangs qui y sévissaient. Kolyma rentre beaucoup plus dans le récit d’action, la tension étant palpable à chaque page, le suspense tenant en haleine jusqu‘à la fin, un brin décevante. Haine et répression sont toujours au programme de cette suite et il semblerait que le pauvre Leo ne puisse pas se laver des péchés qu’il a commis précédemment puisqu’un troisième tome est en préparation, sortie prévue courant 2011.

Neuf 22,30
Occasion 4,66
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17 avril 2011

C’est un premier roman doux-amer que nous livre Amanda Smyth. Doux par ses paysages caribéens avec de magnifiques descriptions qui nous immergent complètement à Tobago. On sent la beauté de l’île transparaître entre chaque ligne avec beaucoup de couleurs et une faune et une flore opulente. J’ai été charmé par cette peinture des Caraïbes que l’auteur évoque avec beaucoup d‘intensité.

Amer, par la destinée cruelle de Celia qui, élevée par sa tante, se fera violer par son oncle par alliance et s’enfuira pour commencer une nouvelle vie loin de cet homme qu’elle exècre. Néanmoins, Celia est une battante et loin de s’apitoyer sur son sort, prendra sa vie en main et trouvera même l’amour, même si celui-ci est voué à l’échec. Le personnage de Celia m’a d’ailleurs beaucoup plu, c’est une femme forte qui finira par savoir manipuler ses relations à son avantage (William), et qui malgré les préjugés et les embûches ne s’avouera jamais vaincue. Bien que l’histoire contée par Amanda Smyth soit intéressante et bien écrite, on pourra lui reprocher son manque d’originalité (les thèmes abordés sont largement éculés). Pourtant, Amanda Smyth réussit à nous bluffer à la fin de son livre avec des révélations et une montée en intensité auxquels le lecteur ne s’attend absolument pas. Captivant ! Et c’est ce qui me fait ranger Amanda Smyth dans les auteurs à suivre et qui m’invite à vous conseiller ce livre, qui certainement saura vous passionner à votre tour…

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17 avril 2011

Quelle lecture enthousiasmante ! Les aventures fantastiques d’Hercule Barfuss possède tous les ingrédients que j’aime et font les bons romans : une destinée romanesque, de l’aventure, un cadre historique, une vengeance, une pointe de fantastique, même une histoire d’amour... Que demander de plus !?

Par une nuit de tempête, deux naissances ont lieu dans un bordel, un garçon (Hercule) et une fille (Henriette). Si la petite fille est parfaite à tout point de vue et l’accouchement facile, ce n’est pas le cas pour le garçon : après plus de 40 heures de travail, la mère épuisée donne naissance à un garçon au corps difforme, sourd et muet de surcroît. Le médecin qui a assisté la mère ne fonde pas beaucoup d’espoir sur la survie du bébé, qui n’a même pas poussé un cri lorsqu’il est né. Pourtant, celui-ci s’accroche à la vie et finit par grandir paisiblement dans le bordel, caché de tous. L’enfant ne communique pas, du moins en apparence, mais il s’entend merveilleusement avec la fillette née la même nuit que lui. Cependant, en échange de toutes ses tares, Hercule a hérité d’un don
: il peut communiquer par la pensée et lire dans les esprits. Un don particulièrement dangereux dans le début du 19ème siècle où l’inquisition rôde encore...

Les aventures fantastiques d’Hercule Barfuss est vraiment un roman captivant du début à la fin, un « page-turner » qui se dévore sans faiblir et se finit bien trop vite. Le contexte du roman, qui nous fait voyager à travers l’Europe du début du 19ème siècle et son passé inquisitorial, est très prenant et apporte de la consistance au récit. Alors que le monde moderne était en pleine évolution avec les grandes avancées technologiques qu’on lui connaît (locomotive à vapeur, électricité, premières machines volantes, etc.), il régnait encore une part de vieilles croyances séculaires qui rendaient les agissements de l’Inquisition possibles. Et ils ne faisaient pas bon vivre à cette époque quand on était différent. Preuve en est les nombreux cirques de « bêtes de foire » qui pullulaient et dont il est même fait référence ici. L’auteur explore les faits de ce siècle avec beaucoup de doigté et de recherche, et le roman devient vite captivant. La structure du récit y est d’ailleurs pour beaucoup, car l’auteur passe habilement d’une période de la vie d’Hercule à une autre en scindant le roman en plusieurs parties, ce qui apporte beaucoup de rythme au récit et tient le lecteur en haleine.

Qui plus est, Hercule est un personnage fascinant, et malgré ses malformations qui le rendent imparfait, on s’attache à sa destinée et on vibre avec lui face aux regards cruels des autres et à leurs pensées perverses et bêtement méchantes. A travers les incursions de la psyché d’autrui, Hercule (et le lecteur) se rend vite compte que les Hommes sont perfides, manipulateurs et ont souvent beaucoup de choses à cacher. Il parviendra ainsi à déjouer un complot fomenté contre lui par l’Inquisition et à manipuler l’esprit de ses ennemis pour accomplir sa vengeance...

Carl Johan-Vallgren mène son récit d’une main sûre et habile et l’intrigue est extrêmement bien ficelée. J’ai particulièrement apprécié la façon dont Hercule accomplissait sa vengeance, tout est parfaitement orchestré au millimètre, bien qu’il faille avoir le cœur bien accroché ! Le seul bémol au récit selon moi, étant justement que tout s’enchaîne très vite, j’aurai aimé que l’auteur prenne un peu plus de temps pour développer son intrigue (j’aurai par exemple aimé que la romance entre Hercule et Henriette soit un peu plus présente et détaillée).

Le style de l’auteur est alerte et romanesque, ses phrases plutôt longues (le premier chapitre est d’ailleurs un peu pesant à lire) et la narration m’a tantôt fait pensé aux romans classiques qui se plaisaient à suivre la destinée d’un être infortuné (dans le style de Dickens).

La touche de fantastique est très bien amenée et entraîne une réflexion intelligente sur le monde des sourds-muets. Personnellement, je n’avais jamais réfléchi au fait que le langage des signes était universel et pouvait donc être un moyen de communiquer avec des gens de toutes les nationalités ! Une idée vraiment très intéressante et qui rend le roman enrichissant. A ce niveau-là plus de tergiversations, je suis conquise ! A lire de toute urgence !

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17 avril 2011

Dans la Nouvelle Zélande du début du XXe siècle, nous suivons alternativement la vie de Katherine et Yung, deux êtres que tout devrait séparer mais qui sont finalement très semblables de part leur statut : ils ne valent rien. Lui est un émigré chinois, elle une mère au foyer. Il est méprisé par les néo-zélandais qui se moquent de lui, de ses vêtements, de ses cheveux…Elle est raillée et délaissée par son mari qui pense que les femmes ne valent rien, ou du moins qu’elles n’ont aucune intelligence…


Entre 2 chapitres et le rapprochement inéluctable de ses deux êtres qui s’attirent, l’auteur en profite pour nous raconter la vie en Nouvelle-Zélande à cette époque-là. Racisme, ostracisme et violence impunie envers les émigrés, nombreux à l’époque : Chinois, Hindous, Syriens…Ceux-ci n’étaient pas considérés comme des Hommes mais plutôt comme « moins que des chiens ». La condition féminine n’était pas bien meilleure. Le statut de la femme était à l’échelle de celui de son mari, sans qui elle ne valait pas grand-chose. La plupart des filles n’avaient pas droit à l’éducation, qui était considéré « contre-nature ». Une femme qui se mariait avec un émigré Chinois par exemple, perdait sa citoyenneté britannique et elle pouvait être accusée de vagabondage et perdre ses enfants…D’ailleurs, la note de l’auteur à la fin du livre est particulièrement intéressante en ce qu’elle nous explique s’être inspiré du contexte et de faits véridiques de l’époque. Les Amants Papillons peuvent donc être classés dans le genre historique, ce qui donne du poids à l’œuvre.
Dans la deuxième partie, l’auteur s’intéresse également à la vie des épouses restées en Chine dans l’attente de la bonne fortune de leur mari émigré. Époux qui « oubliaient » souvent de venir les récupérer, passées de nombreuses années. J’ai particulièrement apprécié cette partie du récit, très bien rendue avec l’histoire tragique de l’épouse de Yung restée au pays.
Un petit mot sur le style de l’auteur, simple, avec quelques expressions empruntées au Chinois. J’ai trouvé l’enchaînement des chapitres un peu maladroit parfois, certaines chutes auraient méritées d’être un peu plus travaillées… Le tout manquait un peu de fluidité, rien de rédhibitoire cependant.

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17 avril 2011

Premier roman écrit en solitaire par Janny Wurts qui a collaboré à La Trilogie de l’Empire avec Raymond E. Feist. Si le premier tome de « La guerre de l’ombre et de la lumière » est plutôt bon, il m’a un tantinet étouffé par sa densité (et son épaisseur).

Tout d’abord, nous sommes en face d’un cycle de fantasy classique, solide, qui tient bien la route, même si elle innove peu finalement. Les deux héros du roman sont deux demi-frères qui s’opposent en tout : Lysaer est le fils du roi légitime, beau, blond, élégant, fin stratège, bon épéiste, il sait gagner son audience; Arithon est le fils du roi pirate et le bâtard de la reine, les cheveux corbeau, l’allure dégingandé, mais puissant magicien qui voue une haine terrible au roi et à son demi-frère. Les deux frères s’opposent jusque dans leurs pouvoirs : car si Arithon possède le don d’en appeler aux ténèbres, Lysaer quant à lui a hérité de la lumière, bien qu’il ne sache pratiquement pas s’en servir, une formation lui ayant été refusée. Voilà, un postulat classique en somme, les frères ennemis étant un thème récurrent dans la fantasy. Là où Wurts innove, c’est dans la supposée « haine » que se voue les deux frères, car finalement si les deux princes s’opposent, ils se complètent aussi et finiront bien vite par, si ce n’est s’apprécier, du moins s ‘apprivoiser. J’ai particulièrement aimé leur relation, on sent que les deux frères se jaugent, cherchent à discerner la personnalité de chacun et qu’ils ont envie de se rapprocher mais l’habitude de la haine est très difficile à chasser. Car finalement, si les deux frères se détestent en apparence, c’est plus une question de tradition et d‘obligation (et un peu de jalousie) que de leur propre volonté . Les circonstances les mèneront à faire route ensemble et à devoir apprendre à se faire confiance car les voilà propulsés par delà la frontière, dans un nouveau monde, où la Brume a tout envahi, jusqu’à la lumière du soleil. Là encore, l’intrigue reste classique, les deux frères se révélant les héros d’une ancienne prophétie qui annonce la disparition de la Brume. Des magiciens, un prophète, un mystérieux ordre secret, le lecteur de fantasy ne sera pas déstabilisé, Wurts utilisant les ficelles traditionnelles de ce type de roman.

Alors oui, c’est du « bon » classique, Janny Wurts sachant parfaitement mener sa barque et développer son récit de manière efficace. Reste que l’intrigue est un peu longue à se mettre en place, on se traîne un peu sur une grande partie du récit, c‘est un peu dommage. Au lieu de mener sa narration tambour battant, l’auteur utilise un ton plus posé, plus explicatif, avec de longs éclaircissements et développements qui, s’ils montrent que l’univers est richement construit, ralentissent un peu l’ensemble. Si on apprend beaucoup sur l’univers ainsi créé par Janny Wurtz (et on sent que l’auteur a pensé aux moindres détails, ces longs passages ne s‘apparentant nullement à du verbiage), il faut avouer que parfois on se morfond un peu et on se languit d’un peu d’action pour nous (r)échauffer. Honnêtement, j’ai trouvé que la narration manquait un peu de punch, c’est pour moi la « bête noire » de ce roman.

En ce qui concerne la prose de l’auteur, il faut avouer que l’on est en face d’un roman de grande qualité. L’écriture de Jany Wurts est très racée, pas particulièrement abordable aux plus jeunes d‘ailleurs, un style assez soutenu, on prend du temps à lire les phrases. Le style possède une certaine excellence qui se rencontre rarement dans le genre je trouve. Le roman pourrait facilement plaire aux réfractaires à la fantasy, qui estiment que c’est un « sous-genre », mal écrit. Ici, ils en auront pour leurs frais. Le contenu comme le contenant faisant très adulte, très noble.

Enfin, un autre point qui m’a un peu déçu dans ce premier tome, j’aurai aimé que la psychologie des deux frères soient plus approfondie, ainsi que leur relation. Je ne veux pas dire que leur personnalité est brossée à la va-vite, mais j’ai trouvé qu’il n’y avait pas assez de scènes entre les deux frères qui nous permettent d’être vraiment consterné lorsque la Brume les monte l’un contre l’autre tel deux pions sur un échiquier. J‘aurais préféré que Janny Wurts consacre plus de pages au développement et à l‘épanouissement de la relation fraternelle, qu’à asseoir son monde et son histoire. L’auteur a privilégié le côté « méninges » au détriment du cœur et des émotions de ses héros, et je trouve ça un peu dommage. On pourrait être bien plus touché par le déchirement final des deux frères et par leur corruption inévitable de la Brume. Et c’est fort regrettable, car on sent ce que le roman aurait pu être si l’auteur avait amoindri la complexité de son univers pour accorder une plus grande place aux sentiments de ses personnages...