Le personnage principal de cette histoire envoûtante est un peintre qui excelle dans l'art du portrait et gagne sa vie en peignant de riches personnalités. Suite à une rupture sentimentale brusque et inattendue, le voilà qui se retrouve à loger dans une maison isolée dans la montagne, prêtée par l'un de ses amis. Mais cette demeure n'est pas anodine : elle est habitée d'une aura toute particulière, pour avoir appartenu à l'un des plus célèbres peintres japonais. Dans cette atmosphère mystérieuse et hors du temps, une série de rencontres et d'événements étranges vont l'amener à modifier sa perception et redéfinir son art en profondeur.
Murakami compose une intrigue extrêmement bien ficelée et particulièrement prenante, tout en dessinant une réflexion subtile sur la peinture et le geste poétique. L'auteur japonais maîtrise à merveille l'art du récit et du dévoilement, et nous livre un roman d'une grande finesse, simple à lire mais d'une belle profondeur.

Quand on est un jeune ado et que l'on vit dans une petite ville de province dans laquelle il ne se passe pas grand chose, on s'ennuie parfois terriblement. Alors on tue le temps comme on peut, on traine, on rêve d'indépendance et l'on vit ses premières grandes émotions tout comme ses premiers grands excès.
Ce quotidien, c'est celui des jeunes qui font le roman de Nicolas Mathieu dont l'histoire se situe dans la France périphérique dans années 1990, à proximité des hauts fourneaux alsaciens qui faisaient autrefois la renommée d'une région industrielle qui tombe en désuétude. Coincés dans une ville qu'ils rêvent de quitter, ces jeunes de milieux sociaux si différents partagent pourtant les mêmes inquiétudes, les mêmes colères, les mêmes espoirs. Dans un roman très habilement construit, qui s'étale sur une dizaine d'années, leurs destins ne cessent de se croiser et dessinent le paysage d'une époque avec une grande justesse. Dans un style parfois cru, mais toujours authentique, Nicolas Mathieu nous livre un très beau roman social et c'est avec regret que l'on quitte ces personnages tellement attachants.

Jonathan Hemlock est un brillant professeur d'histoire de l'art, un esthète solitaire et mystérieux adulé par ses étudiants. S'il mène un train de vie fastueux, collectionnant les tableaux rares dans le somptueux manoir qu'il habite, ses collègues s'interrogent cependant : comment fait-il pour vivre dans une telle débauche de luxe ?
C'est que Jonathan a un petit secret : l'enseignement n'est pas sa seule profession. Pour subvenir à ses désirs, voilà plusieurs années qu'il travaille pour le compte d'une organisation secrète. Sa spécialité : l'assassinat d'agents ennemis des Etats-Unis. Sa prochaine mission : tuer sa cible pendant l'ascension d'une montagne réputée particulièrement meurtrière.
Originellement publié en 1972, voilà un un roman d'espionnage comme on n'en fait plus. Cynique, froid, diablement intelligent, Hemlock a le charisme des plus grands agents secrets et Trevanian livre un roman prenant à l'humour corrosif jubilatoire, qui se savoure comme un vieux James Bond.

Comment une idée bizarre, extravagante aux yeux de tous, devient-elle une invention géniale et se transforme en l'un des objets les plus iconiques et les plus utilisés du XXe siècle ? A l'origine, il y a souvent une intuition, simple et enfantine en apparence, mais dont s'empare un esprit génial et obstiné ; puis il y a des années d'un travail acharné, d'expérimentations diverses, parfois dangereuses ; enfin il y a un objet, bien imparfait encore, mais qui contient en germe les prémices de grandes promesses.
Mais les plus grands inventeurs sont aussi souvent les plus grands cocus de l'Histoire. Car qui se souvient aujourd'hui de Nicéphore Niépce ou encore d'Edouard-Léon Scott de Martinville ? Avec une plume élégante, souvent brillante, Christophe Donner retrace la vie de ces deux hommes et rend hommage à ces inventeurs dans l'âme, à l'origine de deux des procédés qui ont révolutionné la vie des hommes : la photographie et la phonographie. Entre roman et chronique historique, voilà un récit rythmé et particulièrement agréable à lire, passionnant de bout en bout.

Nous sommes en 1994 et l'Algérie est au bord de l'implosion politique. Quatre lycéens d'Alger décident alors de former une cellule clandestine de lutte antiterroriste, avec les moyens du bord dont ils disposent. Ils ne savent pas encore qu'ils mettent le pied dans l'engrenage d'une histoire terrible, qu'ils ne pourront plus jamais maîtriser...
Car 1994 n'est pas une date anodine dans l'Histoire de l'Algérie. C'est même l'un des moments charnières de la guerre civile qui a ravagé le pays durant les années 1990, alors embourbé dans de sanglantes luttes intestines opposant l'armée à de nombreux groupuscules islamistes.
C'est de ce contexte que s'inspire Adlène Meddi, pour dessiner une véritable fresque historique de l'Algérie des années 1960 aux débuts des années 2000, dans un polar documenté au rythme enlevé, jouant savamment sur les différentes époques et les événements dramatiques qui ont émaillé l'histoire de ce pays.
Avec une plume très fine, l'auteur rend compte de l'atmosphère violente qui pesait sur l'Algérie de cette époque, tout en tirant habilement les ficelles d'un suspense maîtrisé. Une réussite incontestable !