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Magali S.

La Malédiction de Boucle d'or

2

Gallimard Jeunesse

8,70
Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
15 avril 2020

Un conte épique

Nous sommes en 1832, quelque part au milieu des Vosges. Blonde, une jeune fille fragile, orpheline et d'une beauté envoûtante, mène une vie austère derrière les murs du couvent de Sainte-Ursule. Jusqu'à ce qu'un étranger lui confie un dossier renfermant les secrets les plus terribles concernant ses origines. Parmi les témoignages constituant le dossier, des lettres d'une certaine Gabrielle de Brances, qui raconte qu'elle s'est un jour égarée dans la forêt, et s'est retrouvée prisonnière dans une chaumière, gardée par trois êtres mi-hommes mi-bêtes... La vie de Blonde va alors basculer d'une manière qu'elle n'aurait jamais pu envisager.
Animale est un récit trépidant, épique, écrit d'une très belle plume, élégante et puissante à la fois, un peu comme les contes d'autrefois. Victor Dixen est un excellent conteur, et je soupçonne ses origines danoises d'y être pour quelque chose!
J'ai pris un immense plaisir à suivre cette réécriture de Boucle d'Or et à y trouver, entremêlées, des légendes nordiques.

Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
15 avril 2020

Bouleversant

C'est l'histoire de Caumes, lycéen, qui tombe amoureux pour la première fois. Il est pris dans un tourbillon de bonheur, mais au même moment, la France assiste aux événements abominables que l'on connait : Charlie Hebdo. Caumes et ses amis sont abasourdis et suivent les informations toute la journée, comme hypnotisés, jusqu'à un point où la réalité devient presque de la fiction.
Le roman est très bien construit, et si j'ai eu une impression de légèreté au début, j'ai compris par la suite que c'était nécessaire pour faire ressortir la candeur et l'insouciance des personnages. Plus on avance dans le roman, plus cette insouciance est mise à mal. Les personnages prennent chacun la mesure de ce qu'il se passe, chacun de façon très personnelle. Les esprits s'échauffent, les ressentiments grandissent et l'incompréhension se transforme en peur. De la peur à la haine, il n'y a malheureusement qu'un pas.
Le style "parlé" du roman ne m'a jamais dérangé dans la mesure où les réflexions intérieures de Caumes sont très justes et très touchantes. L'histoire ne sombre jamais dans le côté manichéen et j'ai apprécié, au vu du sujet, que l'auteur ne verse pas dans le pathos et la démagogie. Les émotions de Caumes sont extrêmement bien traitées,autant que les questions qu'il se pose. A-t-il le droit au bonheur à un moment pareil, par exemple?

Robert Laffont

17,90
Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
15 avril 2020

Féroce

Sur l'île de Raxter, au large des États-Unis, des adolescentes et leurs profs se retrouvent coupées du reste du monde depuis qu'un virus inconnu s'est emparé de l'île, modifiant tour à tour la nature et ses résidents, animaux et humains. Retranchées dans leur école, elles s'organisent pour survivre, en attentant qu'un remède arrive du continent.
Jusque là, on pourrait se dire que c'est du déjà-vu, voire du réchauffé. Sauf que dès les premières pages, que dis-je, dès les premières lignes, vous savez que vous avez affaire à quelque chose de différent. Le style de l'auteure est unique. C'est glaçant. Une économie du verbe pour être au plus proche de l'action et des personnages. Je n'ai pas trouvé un seul stéréotype, pas une seule phrase bateau. Pas une seule fois en 450 pages. C'est une véritable prouesse.
Et c'est dans cette narration presque chirurgicale, dans ces silences et ces ellipses que se développent les émotions et les sentiments des personnages principaux : Hetty, Byatt et Reese. Des sentiments, pas du sentimentalisme. D'ailleurs il y a pas le temps pour le sentimentalisme. On rentre dans le récit brusquement, car c'est de la même manière que tout a basculé pour les filles de Raxter. Et je vous assure que personne ne sortira indemne de cette lecture. J'ai eu l'impression de regarder un film de survie sans musique de fond et sans générique. Pas de superflu, pas de filtre. Rien que vous, les filles, et l'île de Raxter qui semble vouloir tout posséder. Personne pour vous prendre par la main pour vous expliquer les choses, et sûrement pas l'auteure, qui a réussi à s'effacer totalement pour rendre ses personnages tellement vivants et familiers.
Exceptionnel, unique, féroce.

Roman

Robert Laffont

16,50
Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
15 avril 2020

Magnifique

Luce s'est fait plaquer par SMS, découvre qu'il y a une autre fille dans la vie (et accessoirement dans leur ancien appart) de son ex, et sa mère lui annonce que son père vient de mourir. À l'enterrement, Luce va découvrir que ce père, en plus d'avoir brillé par son absence, leur avait caché une double vie : une autre femme, une petite soeur et un frère de son âge, maladroit, différent.Quand elle pose les yeux sur ce garçon, c'est instantané, elle sait qu'il va faire partie de sa vie et ne plus jamais en sortir.

Soleil glacé, c'est un roman qui bouscule et prend aux tripes, souvent par surprise. La force des émotions contenues dans certaines phrases, c'est incroyable. Les dialogues sonnent terriblement juste, l'humour sarcastique est jubilatoire et dosé à la perfection. Et d'un coup, une petite phrase, un mot et PAF la gorge qui serre et les larmes qui montent. J'ai relu plusieurs fois les mêmes phrases pour le plaisir de retenir et faire durer cette émotion si chère en littérature. Séverine Vidal sait faire rire dans les moments les plus bouleversants, et faire pleurer quand on ne s'y attend pas. Et que dire du personnage de Pierrot, ce frère handicapé, replié sur lui-même, enfermé dans ses tocs qui le rassurent, qui va s'ouvrir comme une fleur qui prend le soleil. Ses réactions, souvent inattendues, valent de l'or.
Je suis tombée sous le charme de la musique qui se dégage de l'écriture de Séverine Vidal. C'est comme une chanson qui nous fait pleurer mais qu'on ne peut s'empêcher de remettre en boucle.

Sarbacane

16,00
Conseillé par (Fontaine Victor Hugo)
15 avril 2020

dérangeant

Hippolyte, dite H, vit seule avec sa mère depuis la séparation de ses parents. Depuis quelques temps, sa mère semble être ailleurs, ne se nourrit plus et s'enferme de longues heures dans la cave. Un jour, la voisine disparaît. Et le monde d'Hippolyte bascule dans un cauchemar bien trop réel.
Alors, qu'on se le dise, Ogresse est tout sauf une balade de santé. Vous allez être bousculés, que vous adoriez ou que vous détestiez. Il pourrait bien faire l'objet d'une analyse littéraire très poussée, néanmoins, je vais m'en tenir à quelques mots afin de vous laisser appréhender l'univers d'Alyin Manço avec un esprit aussi neutre que possible.
Ce que j'ai lu, c'est un conte moderne sur le désir dévorant, celui qui consume de l'intérieur, sur la difficulté de couper le cordon ombilical, sur les relations ô combien complexes entre une mère et une fille. Le désir d'Hippolyte pulse depuis le début du roman et ne demande qu'à être assouvi, tandis que sa mère tente de contenir le sien pour protéger sa fille. Sa fille qui grandit, qui est en train de lui échapper. Ces deux-là vivent une relation fusionnelle, au-delà des mots. La maison m'a fait penser à une enveloppe vivante faite de chair et de sang, dans laquelle Hippolyte tente de se frayer une sortie comme un nouveau-né qui déchire la matrice originelle, avec une H (Hache). La cave, quant à elle, m'a semblé représenter ce qui est caché, les désirs profondément enfouis dans le subconscient, mais aussi les non-dits et les conflits silencieux qui engendrent de la toxicité.
Il règne dans Ogresse une atmosphère extrêmement pesante, une atmosphère qu'Aylin Manço avait déjà parfaitement retranscrite dans son précédent roman La dernière marée. Elle monte encore d'un cran dans Ogresse en faisant vibrer son récit avec autant de pulsions de vie et de mort.
J'ai pensé à Morse, ce film d'épouvante suédois de vampires très poétique, au cinéma de Bong Joon-H, et aussi à La vraie vie d'Adeline Dieudonné.