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Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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7,90
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
13 novembre 2015

Avant de lire ce récit, je croyais que les box des sites de stockage ne servaient qu'à abriter temporairement une partie ou la totalité d'un déménagement. Catherine Rollot a enquêté dans une entreprise de taille respectable, installée dans la banlieue parisienne. Elle nous fait découvrir que les usages de ces lieux sont bien plus diversifiés : abri pour une collection étouffante, cache pour des objets qu'on ne peut laisser chez soi, cave à vin, lieu de dépôt pour des professionnels, refuge pour les affaires des expulsés.... Les biens sont à l'abri dans ces lieux très sécurisés. Les usagers, qui peuvent y accéder à toute heure du jour et la nuit, y ont, pour certains, des habitudes.
Mais ces sites de stockages n'abritent pas que des objets, ils servent aussi d'écrins à des histoires de vie, de séparations et de déménagements, des histoires qui ne se concluent pas et trouvent dans ces lieux le moyen de se continuer encore.

Un texte qui s'insère bien dans l'esprit de la collection. Tout à fait étonnant et intéressant...

Raconter la vie

7,90
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
5 novembre 2015

Portrait d'un homme complexe, certainement pas facile à vivre, un pêcheur qui se sent vivre lorsqu'il rencontre l'océan. Quelqu'un dont les qualités de cœur sont bien réelles, "un homme sur qui on peut toujours compter".
Ce récit est servi par la très belle et sensible écriture de Sylvie Caster qui fait, tout en douceur, le portait d'un homme à la vie rude.
Merci, donc, à Jean-Marie pour avoir accepté de se livrer à l'auteure. Et merci à Sylvie Caster pour le respect qu'elle lui porte. Le résultat est ce texte très poignant, touchant et beau.

Neuf 15,00
Occasion 3,19
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
24 octobre 2015

Cette année, Amélie Nothomb publie l'histoire festive de l'invitation du Comte Neville à sa garden-party annuelle, qui comme les précédentes, sera parfaite, même si c'est la dernière puisque l'aristocrate est ruiné. Une voyante lui annonce qu'il assassinera un de ses invités. Sa fille décide qu'elle sera cette victime et supplie son père, "papa, il faut que tu me tues".
Le drame est annoncé, mais on hésite délicieusement à y croire, car on connaît la capacité d'imagination d'Amélie Nothomb, son goût pour les rebondissements loufoques. On sait aussi qu'elle aime réjouir son lecteur et, une fois de plus, elle y parvient parfaitement.

Conseillé par (Le Pain des Rêves)
10 octobre 2015

Des Manouches dans un camp

Paola Pigani sait ce qu'être étrangère. D'origine italienne, sa famille et elle étaient les seuls étrangers de leur village en Charente. Ils sont entrés en relation avec d'autres étrangers, les manouches qui venaient vendre leurs tissus. Puis son frère a épousé une Winterstein. Sa fille dont l'enfance a été nomade, lui a raconté la vie de sa grand-mère Alexienne, internée au camp des Alliers, près d'Angoulême.
Paola Pigani raconte la vie de ces Manouches qui ont été parqués, qu'on a obligé à vivre pendant plusieurs années et même après la fin de la Deuxième guerre, dans des baraquement insalubre, qui ont vu des détériorer leurs traditions, leurs savoirs. Elle raconte comment on leur a volé leur liberté et détruit leur honneur, et comment ils sont restés fiers et sauvages malgré tout.

Ne pas s'étonner de ce qu'il n'est pas si aisé d'entrer dans ce texte. "J’écris sur des silences, sur un lieu qui n’existe plus" dit l'auteur. C'est la vie dans un camp d'un peuple de voyageurs qui ne voyagent plus. Des disparus, en quelque sorte. Puis, peu à peu, on s'immerge dans la vie du camp.On commence à saisir ce qui fait l'âme de ce peuple de nomades. Et après la mort de sa mère, quand Alba prend sa dimension de femme, s'affirme, tient tête, mène librement sa vie, que la communauté retrouve la liberté et la fierté d'être nomade, le roman prend son ampleur et son unité. On comprend alors qu'on est depuis le début entré dans l'intimité de ces personnes, mais qu'elles végétaient dans le camp et que cela nous pesait, parce qu'elles ne peuvent vivre que libres.
"N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" est un beau texte poétique, qui honore le devoir de mémoire. C'est aussi un texte à lire alors que la question des nomades en Europe continue de faire l'actualité et que resurgissent les pires fantasmes.

Neuf 17,00
Occasion 3,19
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
10 octobre 2015

Paola Pigani rend bien compte de la complexité de la vie des réfugiés. Même si le fait que que Simona et Mirko soient réfugiés politiques et aient un emploi (l'histoire de passe en 2001, c'est la guerre au Kosovo) leur rend la vie plus facile. Être réfugié, c'est quitter son pays, sa famille, rompre des attaches, se décider pour une autre nationalité, un autre pays, une autre culture. Accepter de ne plus regarder une partie de ce qu'on a laissé derrière soi.
Simona veut s'intégrer. Elle veut apprendre la langue jusqu'à perdre son accent, pour être perçue d'emblée comme française lorsqu'elle parle avec quelqu'un. Mirko, son frère, plus sombre, plus blessé par la vie, aussi, bute sur les mots, apprend moins vite et est moins intéressé, moins passionné par les mots. On voit bien combien l'apprentissage de la langue aide à la réussite de l'intégration.
Il manque deux doigts à l'une de ses mains de travailleur du bâtiment, deux doigts arrachés d'un coup de fusil pour qu'il ne puisse être soldat de l'UCK. Il a laissé derrière lui Marush, le jeune enfant de son frère, auquel il reste très attaché. Alors pour supporter sa vie et sa solitude, il s'aventure dans des "zones où les murs écaillés cachent des messages codés", des murs sur lesquels il peut graffer sa nostalgie. C'est dans ces zones qu'il rencontre Agathe, une jeune peintre dont il devient amoureux. Sans pathos, Paola Pigani dit que même cet amour ne suffira pas à vaincre sa nostalgie.
Comme dans son premier roman, l'auteure excelle quand elle décrit les belles rencontres de ses héros : le vieil homme qui tient une librairie d'ancien dans Saint-Jean, Agathe l'amoureuse de Mirko, Ousman le surveillant du Mistigriff où travaille Simona... Des rencontres qui mettent en valeur l'humanité et la bonté des personnes et qui montrent l'étendue de l'empathie de Paola Pigani pour ses personnages.
Le roman est situé à Lyon, dans la "métropole régionale à prétention européenne", un Lyon bien réel et actuel. Mirko et Simona parcourent cette ville de ce début du 21e siècle : le quartier de la Guillotière et celui de La Soie, le chantier de construction de l'hôpital Mermoz, la Place du Pont et le magasin de Bahadourian, "le tramway qui glisse sur l'ancienne ligne de l'Ouest" à Villeurbanne, la Place Bellecour où le roi est seul, l'intérieur de l'hôpital Édouard Herriot... La ville est belle dans les mots de l'auteure qui ne cache pas qu'elle peut être violente et dangereuse.
Les autres réfugiés ne sont pas absents du roman . Elle dit leur attente, la longueur des procédures, la difficulté à ne pas vivre entre soi. Elle décrit leur volonté de s'attacher au pays d'accueil, de franchir les obstacles, de s'intégrer. Elle le fait sans enjoliver et sans dramatiser à outrance, avec justesse.
Ce deuxième roman confirme son talent d'écrivain qui sait narrer la vie des autres avec une vraie justesse de ton, un authentique empathie pour celles et ceux qui constituent le peuple des petites gens. Un roman fort.