Chacun connait sa gloire littéraire, se souvient de son allure impériale lors de son élection à l' Académie Française, première femme célébrée sous la coupole. Mais peu de gens savent la vie intime de Marguerite Yourcenar pourtant si riche et si tumultueuse...
Après avoir vécu de longues années auprès de Grace Frick, sa traductrice, Marguerite Yourcenar s'éprend comme d'une midinette d'un américain, Jerry Wilson, dont la jeunesse et la beauté la sidère. Elle a retrouvé Antinoüs .
Tout devrait les éloigner, leur préférence sexuelle, leur milieu, leur culture, leur incroyable différence d'âge ... pourtant l'admiration et la fascination réciproque, la curiosité, le goût des voyages, l'amour de la nature et surtout leur mépris des normes et du " qu'en-dira-t-on " les mèneront dans une relation amoureuse la plus avancée .
Christophe Bigot dresse ici un savoureux portrait d'une écrivaine particulièrement complexe, hautaine bien souvent, sûre d'elle-même, forte de son érudition et de sa renommée, dure avec les médiocres, et en même temps fragile, bafouée, brutalisée; bref une femme passionnément vivante et libre.
La fameuse devise de Sarah Bernhard " Quand même " lui sied aussi à merveille.
Attendez-vous à affronter un curieux roman , un récit pêle-mêle, fourre-tout , sans cohésion mais dont la lecture se révèle au combien addictive pour qui aime l'Histoire du Paris insolite, la vie des bistrots, les fait-divers, la littérature vibrante et vivante.
Philippe Jaenada mène une enquête - organisée autour d'un tour de France des bistrots- sur les jeunes clients de "Chez Moineau " le rade le moins huppé de Saint Germain des Près du début des années cinquante. Immortalisés par un photographe hollandais, fréquentés et sujets d'études par Guy Debord leader situationniste, ces habitués ont malgré eux inspirés de nombreux écrivains et artistes ... "Jeunes oisifs pervertis" selon la police, Jaenada décrit plutôt une jeunesse - la plupart sont mineurs - perdue , en rupture, fauchée et désoeuvrée ayant pourtant la rage de vivre mais aux vies cabossées. Libres, désinvoltes, incontrôlables, parfois joyeux et drôles mais dont le rire masque la honte et le dégoût. Comme dans ses autres romans, Philippe Jaenada se met en scène pour mieux faire le portrait de ceux qu'il aime .
Boum, après vingt ans de mariage , un homme très en colère annonce à Eilis que son mari a une relation adultère avec sa femme et qu'ils devront s'occuper eux même du marmot à venir ... C'est le début fracassant de ce nouveau roman de Colm Toibin , faisant suite à " Brooklyn ".
Après cette annonce, pour Eilis l'avenir se brouille, retourner en Irlande son pays d'origine, ou rester en Amérique, faire front, et choisir la famille qu'elle s'est patiemment construite .
"Long Island" est le roman d'une femme tourmentée mais résolue, amoureuse mais ne lâchant rien, c'est aussi le roman d'une famille hantée par une possible déflagration, c'est encore le roman des communautés irlandaises et italiennes partagées entre leurs traditions et identités passées et leur avenir américain.
C'est surtout un grand roman d'amour où la passion cherche toujours à s'imposer à l'amour durablement tissé. Certaines pages sont justes sublimes d'émotion contenue .
Emouvant et parfaitement drôle, tel nous apparait au fil des pages "Développement personnel ". Dans ce roman, Olivier Bourdeaut nous dévoile ses années d'apprentissage du métier d'écrivain.
Aimer la langue, les mots - vous les notez précieusement dans un carnet - et pratiquer la lecture à marche forcée sont, selon vous, le B-A-BA du travail.
Votre chance, avoir eu des parents pénibles, des professeurs pires encore, tous ennuyeux sans exception, puis être entouré d'amis crédules gobant vos mensonges avant de faire la fine bouche en retour. Cet entourage de fâcheux, de rabat-joie est pourtant votre moteur : ils vous écoutent, parfois même s'intéressent à vous, et malgré eux, vous donnent la force de persévérer ... C'est votre secret; toujours y croire sans jamais se prendre au sérieux. Voila le Grand Art !
Regarder et ne pas voir. Louis Gillet, un témoin au coeur des années sombres (1936-1943)
Jérôme Prieur
Seuil
Aujourd'hui largement oublié, Louis Gillet fût, durant l'entre-deux-guerres, un personnage reconnu et célébré du monde culturel parisien. Critique et historien de l'art, académicien élu en 1935, ce conservateur " bon teint " était réputé pour son érudition, ses goûts d'esthète, son esprit, sa capacité à humer l'air du temps.
Journaliste, il se rend en Allemagne nazie pour de nombreux reportages; pour le journal " Gringoire " il couvre les jeux olympiques de 1936.
A Berlin, son oeil pourtant si acéré ne veut voir que ce qu'on lui montre ... ses papiers ne retiennent que "la pompe et les flonflons" de la propagande nazie. A travers ce portrait brillant, complet et nuancé, Jérôme Prieur montre que, face à la barbarie, la petitesse, la désarroi, la frousse condamnent l'homme commun -si cultivé soit-il - à naviguer entre le repli " la honte et le lâche soulagement ". Ainsi, malgré sa méfiance et ses réserves réelles contre le régime hitlérien, Louis Gillet, souvent insaisissable, se rallie à " la France rabougrie du Maréchal Pétain"... avant d'hésiter...