Une écriture endiablée
Centre de toutes les convulsions de la Ville-Pays, le Tram 83, est le lieu de rendez-vous privilégié d'un petit peuple turbulent, aguicheur et magouilleur, toujours au bord de l'émeute. Dans cette cocotte-minute sociale , ce bouillon culturel au bord de l'explosion, Lucien, dramaturge fraîchement débarqué de l'Arrière-Pays, Requiem, terrible intrigant, et Malingeau, énigmatique éditeur s'y disputent les faveurs de la foule pour le meilleur et, qui sait, le pire ?
Portée par une écriture endiablée, une créativité haute en couleur relevée de chatoyantes têtes de chapitre, la narration débridée de Fiston Mwanza Mujila entremêle le rocambolesque à l'absurde, l'étrange à la bombance, le grotesque au grinçant, la fable au politique comme si Kafka percutait la route de Rabelais au milieu de nulle part, satellisant joyeusement le lecteur – tout de même inquiet et intranquille, troublé comme un pastis dans un état d'ébriété littéraire de haute altitude – autour de la planète Tram 83.
Coeur battant
De retour d'une session de surf hivernale aux Petites Dalles, trois jeunes amis ont un accident de la route qui plonge l'un d'eux, Simon, dans un coma dépassé, cœur battant. Un cœur qui pourrait remplacer, à l'autre bout de la France, celui, défaillant, de Claire...
"Réparer les vivants" est le roman inouï d'une transplantation cardiaque, épopée moderne où les destins individuels se greffent à une geste collective, soulevant nos interrogations les plus profondes sur la vie et la mort, sur le don et la réparation, sur l'empathie à l'œuvre entre les hommes, un roman immensément riche où tout fait sens et interpelle.
Jouant de la langue et des langages comme d'une pulsation cardiaque qui accélère, ralentit, s'emballe, Maylis de Kerangal offre une intensité narrative dont le souffle jamais ne s'épuise, ondule comme une vague qui s'élève et enroule tout : la lumière, les paysages, les sensations, les êtres, les gestes, les émotions, la parole et le silence. Phénoménal !
Chansons populaires de l'ère Showa
roman
De Ryū Murakami
Traduit par Sylvain Cardonnel
Philippe Picquier
Noirceur
L'enfant terrible de la littérature niponne dresse, avec noirceur, le portrait d'une génération et, plus largement, de la société japonaise, où l'indifférence généralisée, l'absence d'émotions, le manque d'amour conduisent à une violence insensée. Avec une imagination débridée, Murakami Ryû livre ainsi une fable d'une lucidité effarante où six jeunes hommes à la vie transparente entrent soudainement en guerre avec six femmes trentenaires, bien décidées à se venger.
Un roman grouillant de vie
Autour de la figure à la fois terrifiante et fascinante d'une gynécologue aux méthodes révolutionnaires, Mo Yan déploie l'histoire d'un petit village où familles et femmes sont confrontées à la politique chinoise de l'enfant unique. Dans un style inventif et à l'humour corrosif, le grand romancier chinois offre un roman grouillant de vie, où la comédie et le rocambolesque s'entremêlent à la tragédie.
Anaïse se rend à Anse-à-Fôleur, petit village côtier haïtien, afin de comprendre les raisons qui ont poussé son père à fuir son pays natal. Sous l'énigme familiale, un mystère bien plus vaste se révèle : celui de tout un village où l'hospitalité et le partage fondent les relations, loin des égoïsmes destructeurs. Dans ce très beau roman, Lyonel Trouillot réinvente un monde et, une fois de plus, nous ravit.