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sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Conseillé par
1 avril 2021

Trentenaire immature, Joe Flood rêve d’Hollywood, de gloire, de dollars et de pin-ups. En attendant que le scénario qu’il écrit consciencieusement soit adapté par un réalisateur de génie, il végète dans une studette dublinoise, s’ennuie dans une boîte de relations publiques et passe ses soirées au pub avec son meilleur ami, et confident, Go-Go. Peu sûr de lui avec les femmes, Joe est désespérément célibataire et quand il rencontre la femme de sa vie, les circonstances sont peu propices à la séduction. Pour couronner cette vie morne et insatisfaisante, Joe doit soutenir sa mère et sa sœur, désemparées depuis le décès de leur mari et père. Dorénavant considéré comme le chef de famille, Joe tombe des nues quand il découvre que sa sœur Deirdre est enceinte à seulement dix-neuf ans et que sa mère attend de lui qu’il lave cet affront en s’occupant personnellement du père putatif. Quand après moult tergiversations, il se décide à aller lui parler, un stupide accident change le cours des choses…

Chroniques douces-amères d’un loser qui accumule les déboires, sentimentaux, familiaux, professionnels. Loser et pourtant attachant, ce Joe Flood affublé de copains de beuverie pas plus flamboyants que lui, d’un patron qui se la joue à l’américaine, d’une mère inconsolable et d’une sœur célibataire et enceinte. Un peu dépassé par les évènements, un brin rêveur, plutôt gauche avec les femmes, il finit par essayer de reprendre les choses en main et de redonner un sens à sa vie. Et puis dans son malheur, Joe est drôle, jamais en reste lorsqu’il s’agit de manier l’ironie, l’humour noir ou de dégainer la réplique qui fait mouche.
Beaucoup de tendresse et de fraîcheur pour une lecture détente comme on les aime, une sorte de rom-com, plus com que rom, où le héros n’est pas une célibattante à la recherche de sa moitié mais un banal trentenaire à la recherche de lui-même. Drôle et efficace.

Neuf 7,90
Occasion 8,90
Conseillé par
25 mars 2021

Si Cathy Scarlet et Tom Feather sont heureux en ce premier jour de l’an, ce n’est pas seulement parce qu’une nouvelle année commence, mais surtout parce qu’une nouvelle vie s’ouvre à eux. Ils ont enfin trouvé le local idéal pour lancer leur entreprise de traiteur à domicile. Amis depuis les bancs de l’école hôtelière, les deux jeunes gens touchent enfin leur rêve du bout des doigts. Mais cela ne se fait pas sans heurts. Ils sont certes motivés et doués dans leur domaine mais ils doivent faire face à tous les obstacles que rencontrent ceux qui montent leur propre entreprise. Les débuts sont chaotiques et quand les amis et la famille s’en mêlent, ce n’est pas forcément pour les encourager. Pourtant, Scarlet Feather est sur les rails et Cathy et Tom sont bien décidés à devenir les traiteurs les plus prisés de Dublin !

Les saveurs de la vie…Un bien joli titre pour évoquer la cuisine, passion commune de nos deux héros, mais aussi le goût de l’existence qui n’est pas toujours légère et sucrée quand tout va bien. Il y a aussi le sel du hasard, des rencontres inattendues, des surprises, l’amertume des échecs ou l’acidité des remarques ironiques de ceux qui nous entourent et doutent de nous.
Mais le livre aurait aussi pu s’appeler ‘’Famille, je t’aime’’ ou ‘’Famille, je te hais’’ ou plus prosaïquement ‘’La lutte des classes’’. En effet, Cathy a grandi dans un quartier ouvrier populaire où vivent toujours son père, un bon à rien au grand cœur, accro aux courses hippiques et sa mère, femme de ménage. Et elle a épousé le fils d’une bonne famille, un avocat défenseur des plus faibles dont la mère n’est autre que la terrible Hannah Mitchell, patronne exigeante et éternelle insatisfaite de sa propre mère. Un mariage qui a déplu aux deux familles.
Entre la classe ouvrière des Scarlet et la grande bourgeoisie des Mitchell, la famille de Tom appartient à la middle class et vit dans un quartier pavillonnaire tristounet. Loin d’approuver les choix de leur fils, les parents de Tom lui reprochent de ne pas prendre la succession du père à la tête de son entreprise de maçonnerie. Une déception de plus pour le couple qui a déjà vu le fils aîné s’envoler pour Londres pour travailler dans la mode.
Cathy doit donc composer avec des parents un peu loufoques, une sœur installée à Chicago qui veut faire un mariage typiquement irlandais, une belle-mère acariâtre, un mari très pris par son travail et, cerise sur le gâteau, une paire de jumeaux âgés de neuf ans, cousins de son époux et dont personne ne semble vouloir s’occuper. Et, de son côté, Tom subit une mère bigote, un père vieillissant, un frère absent et une fiancée sublime mais prête à tout pour devenir mannequin.
Nous allons suivre tout ce beau monde, plus une ribambelle d’autres personnages, pendant un an, d’un réveillon à l’autre.
Une année à cent à l’heure, rythmée par les réussites, les déconvenues, les rencontres, les séparations, les deuils. Une année d’amitié, d’amour, de secrets révélés, de liens renoués. Une année bien remplie avec des personnages attachants ou agaçants et beaucoup de joie de vivre et d’optimiste. Alors, non, ce n’est pas du Shakespeare, mais ça fait un bien fou, ça donne le sourire, ça remonte le moral. Il faut déguster les saveurs de la vie sans modération.

Fādī Zaġmūt

Asiathèque

16,50
Conseillé par
10 mars 2021

Naître, grandir, aller à l’université, trouver un emploi et se marier avant trente ans, sans commettre le moindre faux pas, en préservant sa virginité et sans se compromettre avec une amie qui aurait fauté… À Amman, les femmes doivent se conformer à ce schéma pour faire la fierté de leur famille et s’intégrer dans un monde qui leur impose règles, traditions et tabous dictés par la religion et le patriarcat. Coincées entre un légitime désir d’émancipation et leur devoir envers leurs parents, les femmes ont peu de place pour s’épanouir en dehors du mariage et de la maternité.
En contrepartie, les hommes doivent, eux aussi, tenir leur rôle : afficher une virilité flamboyante, régenter la vie de leurs filles, leurs sœurs, leur femme, laver le déshonneur, par le sang s’il le faut. Au-delà de cela, ils peuvent contourner les règles sans risquer d’être persécutés, mis au ban de la société ou tués. Mais il y a pour eux aussi une limite à ne pas franchir : un homme aime les femmes et ne saurait être gay sans encourir la vengeance des hommes et de Dieu.
Ils sont cinq, quatre femmes et un homme, à voir leurs espoirs déçus, leur personnalité profonde reniée, à tenter de faire bouger les lignes dans une capitale jordanienne figée dans ses traditions ancestrales.

Dans ce roman choral où se croisent les destins de cinq jeunes jordaniens, Fadi Zaghmout fait un condensé de tous les problèmes rencontrés par les femmes et les homosexuels dans son pays. Rana, Hayat et Leila sont trois jeunes diplômées qui prennent conscience que leurs études universitaires ne sont rien qu’une case cochée dans la longue liste des attributs qui font une bonne épouse.
Un diplôme ne vaut rien quand, comme Hayat, on subit les assauts d’un père incestueux.
Un diplôme ne vaut rien quand, comme Rana, on aime un homme d’une autre confession.
Un diplôme ne vaut rien quand, comme Leila, on est harcelée par un supérieur qui veut exercer son droit de cuissage. Deux choix s’offrent à elle : soit porter le voile, soit trouver rapidement un mari.
Et ce mari c’est Ali… amoureux d’un homme mais bien conscient que pour être accepté il lui faut une femme et des enfants. Il a essayé la thérapie, il a enrichi un escroc, il a cru pouvoir guérir. Difficile pour lui de s’accepter, impossible de s’affirmer. Leila lui offre une solution facile. Il s’est promis de renoncer à l’amour pour se consacrer à sa famille mais son couple n’est qu’un leurre.
Le cinquième personnage, c’est Salma, la sœur aînée de Leila qui voit sa cadette se marier avant elle, qui tient un blog dans lequel elle raconte sa tristesse, sa honte, la pression familiale, les commentaires malveillants, son désespoir d’être célibataire à trente ans. Bien qu’épanouie dans sa vie professionnelle, elle ne pourra jamais quitter le domicile paternel sans un époux à son bras. Et plutôt que de rester vieille fille, elle sera l’épouse d’Amman qui donne son titre au livre. Terribles épousailles entre une femme désespérée et une ville qui l’a trahie…
Fadi Zaghmout nous propose un livre formidable au ton frais et léger malgré les sujets qu’il aborde. Nos yeux d’occidentaux pourraient juger les différentes situations à l’aune de la seule religion mais l’Islam n’est pas le seul coupable (d’ailleurs Rana est catholique). Ce sont le patriarcat et les traditions archaïques qui partout dans le monde briment la liberté des femmes, de façon appuyée ou insidieuse. Le chemin est encore long pour des femmes comme Leila, Salma ou Rana, tout comme pour Sabine, Lola, Reiko, Hua, Lin, Ji-young, Emilie, Shiori, Rachida, etc. etc. et pour tous les hommes qui, comme Ali, doivent affronter une société hypocrite qui ne se contente pas de condamner l’homosexualité mais vont jusqu’à nier son existence.

Conseillé par
8 mars 2021

Lors d’une journée un peu particulière, Clare enterre Richard Storm, son premier mari, fait la connaissance de deux vieilles dames, Mrs Fox et sa sœur Edith et rencontre Joshua, un documentariste.
La jeune femme est séparée pour six mois de Jonathan, son deuxième mari qu’elle trouve trop possessif au contraire de Richard, un marin de vingt ans son aîné qui était toujours sur les flots. Elle profite de ce break pour s’installer chez Joshua. Mais est-ce le bon choix ? Richard la délaissait, Jonathan l’étouffait, Joshua ne veut pas s’engager.

Valse hésitation ou plutôt errements d’une femme des années 70 qui cherche son bonheur dans la vie de couple. Mauvais choix ou laisser-faire, elle semble ne pas trouver l’homme qui lui convient. Son premier mari préférait les femmes girondes alors qu’elle n’était qu’une femme-enfant de dix-neuf ans. Il naviguait, elle l’attendait au port. Il a fini par la quitter. Son deuxième mari est trop présent, trop dirigiste. Incapable de faire décoller sa carrière d’écrivain, il compense en organisant chaque détail de leur vie à deux. Besoin d’air et d’espace, elle lui demande de quitter la maison pour six mois. Pendant ce temps, elle prend un amant mais il n’est pas non plus à la hauteur de ses aspirations. Il la trompe, la délaisse, la brusque au point qu’elle s’imagine reprendre la vie commune avec son époux légitime. Mais au fond, Clare est victime, non pas des hommes, mais de son absence de décision. Elle ne choisit pas, ce sont les hommes qui la choisissent. Elle se laisse faire pour s’enliser dans des relations bancales.
La vision d’Angela Huth de la vie de couple n’a rien d’idyllique. La faute sans doute à son héroïne molle et froide qui n’est jamais partie prenante dans ses relations. Une note plus optimiste réside peut-être chez Mrs Fox qui a vécu un mariage parfait avec Mr Fox mais il est décédé, il faut donc la croire sur parole…
Un roman au ton doux-amer où il ne se passe pas grand-chose, mais on se laisse happer par la petite musique d’Angela Huth et les égarements de Clare malgré son manque de substance. À lire pour l’ambiance anglaise et le côté rétro des années 70.

Le Livre de poche jeunesse

6,90
Conseillé par
6 mars 2021

Dans le Devonshire, les Baskerville sont victimes d’une malédiction très ancienne qui les voue à une mort atroce liée à un chien tout droit venu des enfers. Le dernier baronnet en date, Sir Charles, vient de s’éteindre d’un arrêt cardiaque, les traits déformés par la peur, avec non loin de lui, les traces de pas d’une énorme bête. Son ami, le docteur Mortimer fait donc appel à Sherlock Holmes afin de protéger son héritier, Sir Henry, le dernier des Baskerville, tout droit venu des Amériques. Occupé à Londres, le détective envoie Watson dans la lande du Devonshire. La région est inhospitalière, le manoir l’est tout autant et la quiétude de la lande est parfois déchirée par le hurlement glaçant d’une bête démoniaque…

Le problème, quand une œuvre a été adaptée au cinéma, à la télévision, en BD et même en manga, c’est peut-être, qu’à sa lecture, le suspense n’est plus au rendez-vous. Et pourtant, même si l’on connaît les tenants et les aboutissants de cette célèbre enquête, on se laisse prendre par l’ambiance inquiétante de la lande, l’énergie de Watson et la personnalité agaçante de Sherlock. Fidèle à lui-même, sûr de lui, cartésien et distribuant à son fidèle ami Watson des compliments sous lesquels se cachent de subtiles critiques, le détective saura déjouer la prophétie qui s’abat sur les Baskerville de génération en génération. Pour lui, ce ne sont que légendes et balivernes et le molosse qui terrifie les baronnets ne saurait être surnaturel. Même s’il envoie Watson dans la lande, il n’est pas bien loin, observant, déduisant, solutionnant.
Une lecture incontournable pour qui aime Conan Doyle, les romans à énigmes et n’est pas réfractaire à une pointe de fantastique. Brillant, comme d’habitude !