Trois personnages - un adolescent d'origine maghrébine, une jeune fille appartenant à la communauté juive et le maire d'une petite ville de province -, sont les protagonistes du drame. Comme dans les tragédies antiques, le destin pèse sur les tristes héros, qui ignorent ce qui les meut. Le maire est cynique, blasé et corrompu. L'adolescent, orgueilleux et susceptible, souffre d'une blessure narcissique. La jeune fille, idéaliste, rêve d'un monde sans haine mais aussi de quitter l'enfance.Avec un art consommé, Bernard Dilasser mène son lecteur vers la catastrophe finale. Comme dans La Mort d'Actéon, son premier roman, l'auteur donne une dimension mythique au drame contemporain qu'il met en scène, illustrant à sa façon les vers de Dante qu'il place en exergue à son livre : «Embourbés, ils disent : "Nous fûmes tristes / dans le doux air que le soleil égaie, / portant dedans fumée d'indifférence : / maintenant nous attriste la boue noire."»
Paru en 1911, en pleine bataille cubiste, ce recueil de chants celtiques est une énigme. Max Jacob prétend avoir collecté ces poèmes et contes auprès d'ouvriers brodeurs de son père, en breton... Aujourd'hui, il ne fait plus de doute que ces textes sont de la meilleure veine Jacobienne, jouant de toutes les soirées d'inspiration et de référence, révélant l'infinie complexité de l'auteur.
On attend toujours avec impatience les textes de Richard Millet, dont le style est éblouissant. Son dernier roman ne déçoit pas. Philippe, altiste, est le dernier enfant d'une famille corrézienne. Après la mort de leur fils aîné, ses parents auraient souhaité ne plus avoir d'enfant. A quarante ans, il rencontre Nicole, une radiologue, qui a décidé qu'elle mourrait avant que sa beauté ne fane, et au plus tard à l'âge de quarante-quatre ans. Entre leurs étreintes, les amants se livrent petit à petit leur histoire.
Ce récit bouleversant et pudique est la chronique de la relation entre la narratrice et sa mère âgée. Cette femme cultivée, énergique, a mal supporté la solitude après le décès de son mari, et aussi la perte de son autonomie. A contrecœur, sa fille lui a trouvé une place dans une maison de retraite où elle lui rend des visites régulières. Petit à petit les rôles s'inversent entre la mère, de plus en plus dépendante, et la fille qui l'accompagne dans sa fin de vie.
Ce premier roman du poète Guy Goffette raconte la triste histoire de Simon, jeune garçon de 11 ans, naïf et sentimental. Dans un petit village de l'est de la France, il rencontre Monette, une femme de quarante ans récemment installée, qui l'enjôle peu à peu. Naissent en lui les premiers désirs, émotions, mais Simon ne connaît rien de la vie. Entêté, envoûté, il se laisse aveuglément séduire par Monette qui joue de son ignorance. Un texte d'une riche qualité littéraire.