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André D.

Conseillé par
29 mai 2014

Poétiquement incorrect

L'ensevelissement d'une enfance.

Une mère tragédienne, ridicule et mortelle qui brandit son rejeton comme bouclier "par chevrotine" :

" Un corridor obscur. A l'ouest, mon père armé. A l'est, ma mère éméchée. Moi suspendu entre les deux sur le point d'être éventré par les projectiles brûlants."

Le fils devenu vaguement homme-adulte, et son pauvre désir animal pour l'odeur d'un père "brute étrange" :

"Je bois pour devenir cette poussière qui rendra Dieu le Père content."

La poétique des orphelins en famille :

"Mon frère et moi soupions de chips Duchess et de tablette de chocolat avec de l'argent qu'on nous donnait. Chacun dans sa chambre. Dans ma solitude, je découvrais une nouvelle sorte de silence. Comme une attente. Sans avenir. Une réalité sans souffles."

Il y a aussi de fulgurantes bulles de lente et lourde connaissance de Soi :

"La nuit, je m'abime et dés qu'on m'aime, le voyage est fini."

Un ciel d'éclipse, la conjonction des opposés : l'intime, les chips et dans la pièce aux vitres abandonnés, des ombres qui patientent.
Une lucidité méchante, transparente, amoureuse et désespérée...