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Auteurs et illustrateurs répondent à nos questions autour de leur dernier livre. Découvrez leurs livres de chevet, leurs conseils de lectures, et plongez dans les coulisses de leur travail.

Entretien avec...

Présentez-nous Le Tripode. Depuis quand y travaillez-vous ?

 

F.B - Le Tripode fête sa dixième rentrée en septembre 2022. C’est une jeune maison, fondée par Frédéric Martin avec ce leitmotiv : Littérature – Arts – Ovnis, et une phrase de Jean-Jacques Pauvert comme devise : « Ouvrir un lieu d’asile aux esprits singuliers ». L’idée est donc moins de travailler les livres par collection, rayon ou domaine, mais d’accompagner un auteur dans sa démarche et de faire connaître son univers. Nous sommes quatre à travailler à cela pour quinze à vingt livres publiés chaque année. J’ai rejoint Le Tripode en septembre 2019 après avoir travaillé comme relations libraires au Castor Astral. Mon premier jour était synonyme de fête avec les bonnes nouvelles qui s’accumulaient pour De Pierre et d’os de Bérengère Cournut (Prix du roman Fnac et Prix Libr’à Nous).


Pouvez-vous nous parler de votre métier et nous expliquer en quoi il consiste ?


F.B -  Mon travail, c’est de créer du désir de lecture. Dans un marché du livre abondant en informations et en publications, j’essaie de mettre en place les conditions idéales pour qu’une rencontre entre un texte publié au Tripode et un libraire ait lieu. Une fois que le livre est ouvert, place à la vérité du texte ! Je ne peux plus rien faire, et heureusement. Mais pour que cette rencontre existe, il faut être inventif, enthousiaste et s’adapter. Il faut aussi créer une confiance, qui ne vient qu’avec le temps. D’années en années, des liens se tissent et je définis de mieux en mieux les goûts littéraires de chacun. Au-delà des tâches prosaïques mais essentielles (envoyer des épreuves, organiser des rencontres, mettre à jour des argumentaires, transmettre les bonnes infos au diffuseur, aux libraires, aux auteurs…), le travail de « relations libraires » c’est avant tout une affaire de relations humaines. D’un côté, je parle avec quelqu’un qui a mis trois ans à écrire un texte et qui le confie à la maison d’édition. Trois ans de solitude, de doutes aussi. De l’autre, je m’adresse à des gens sollicités de toutes parts, qui ne comptent pas leurs heures, mais trouvent le temps nécessaire pour être curieux. Être « relations libraires », c’est donc assumer une responsabilité vis-à-vis d’un auteur et se soucier des contraintes du libraire.


Qu’a de particulier la relation commerciale avec les libraires ? Comment travaillez- vous avec les représentants, qui vont sur le terrain présenter le catalogue de la maison ?


F.B -  C’est encore une affaire de temps. Moi, je ne prends pas de commande. Ma relation commerciale avec un libraire consiste à travailler le plus en amont possible pour que le rendez vous entre le représentant et le libraire se passe facilement lors de la présentation du bon de commande. De manière concrète, un représentant a 1h30 pour dérouler son programme, soit 150 à 200 titres, au libraire. Aucun d’eux n’a le temps. Alors j’essaie de le créer : par des appels, des petits mots, un envoi de service de presse très tôt. Pour les nouveautés en tout cas. Parce que j’ai aussi un travail passionnant à mener sur le catalogue, sur le fonds. Faire découvrir des titres du fonds, c’est comme ouvrir une malle aux trésors ! Quant au travail avec les représentants, il est simple : j’essaie de leur être le plus utile possible. Un représentant, c’est quelqu’un qui sillonne les routes, qui dort loin de chez lui, qui jongle avec les rendez-vous et les soucis de chacun mais qui réussit à transmettre l’envie de lecture aux libraires. Franchement, chapeau ! Mon rôle dans tout ça, c’est de réussir à ce que chacun travaille en confiance. Je ne suis pas là pour surveiller, mais pour aider, accompagner, suggérer. J’aime beaucoup échanger avec eux car j’ai beaucoup appris et je continue de le faire.


Pouvez-vous nous décrire une journée type dans la peau d’un chargé des relations libraires ?


F.B -  Franchement, non ! En vérité, des missions incompressibles et quotidiennes existent bien sûr. Le plus dur reste de trouver le bon équilibre entre le temps passé au bureau et celui passé en librairie. Il se jauge aussi au nombre de mails non lus ! Je pense d’ailleurs qu’un jour nous finirons tous ensevelis par les mails non lus. Je privilégie donc le téléphone. Une journée type, c’est une journée calée sur le rythme d’une librairie. Je sais que je peux appeler ou voir un libraire de 10h30 à 12h puis de 15h à 17h. Mais pas tous les jours.
J’organise donc mon temps en fonction de ces plages horaires. Il y a une veille quotidienne sur les sorties du jour, les coups de cœur de libraire via les réseaux et les différents sites (coucou et merci leslibraires.fr !), des appels avec le diffuseur pour les titres présents et à venir. Et comme nous sommes une petite équipe, je m’occupe aussi des liens avec les salons, les bibliothèques, les prix littéraires… Enfin, il y a tous les jours une partie de la journée plus créative, durant laquelle on échange en équipe sur la manière dont on va parler des parutions à venir, dont on va communiquer sur la maison.

 

Si vous deviez choisir 3 livres du Tripode à conseiller, quels seraient-ils ?


F.B -  Pour m’en sortir, je pourrai évidemment citer les totems de la maison que sont Goliarda Sapienza, Jacques Abeille, Edgar Hilsenrath ou Andrüs Kivirähk. Mais spontanément je dirai Le Dit du mistral d’Olivier Mak-Bouchard, Cendres des hommes et des bulletins de Pierre Senges et Sergio Aquindo et Pharmakon d’Olivier Bruneau.

 

Entretien réalisé par Maya Albert, Leslibraires.fr