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Les Survivantes

Lalie Walker

Actes Sud

  • Conseillé par
    14 mai 2016

    Plus virulente qu'en 2003, plus meurtrière aussi, la canicule qui s'est abattue sur Strasbourg ne laisse aucun répit à Anne Boher, l'éminente légiste de la capitale alsacienne. La morgue ne désemplit pas, insuffisante à absorber le nombre croissant de ceux qui ont succombé à la chaleur infernale. Mais si Boher est à bout, ce n'est pas à cause de la surcharge de travail. Non, Anne Boher doit affronter bien pire que ces corps qu'il faut bientôt entreposer dans des camions frigorifiques, faute de places dans ses locaux. Anne Boher devient folle ! Sa mère tant aimé n'en finit pas d'agoniser, clouée au lit, paralysée et muette, par une maladie dégénérative incurable et mortelle. Toutes les nuits, d'horribles cauchemars l'empêchent de se laisser aller à un sommeil réparateur. Le jour, diminuée par la migraine et les voix qui se bousculent dans sa tête, Anne doit encore subir des lettres de menaces et des poupées ensanglantées qui arrivent anonymement et dont le but est clairement de la déstabiliser et de la discréditer. Sur le fil, la légiste tient encore debout, grâce à son travail et au soutien de son assistant, le confiant et fidèle Enzo Marquez. Mais combien de temps encore pourra-t-elle tenir quand tout et tous semblent se liguer contre elle ?

    Une étrange lecture qui bouscule, entre suspens intense et moments d'ennui. Cela tient d'abord au style de Lalie Walker, percutant certes, mais aussi fuyant et nébuleux. Ensuite, il y a l'histoire, pas facile à suivre, au rythme un brin longuet. A trop vouloir faire monter le suspens, l'auteure perd son lecteur qui aspire à un peu d'action. Et, bien que très psychologique, l'intrigue se base sur des personnages parfois ridiculement caricaturaux : l'assistant beau et gentil, le docteur ambitieux mais pas futé, la méchante qui ne supporte pas son éviction, l'infirmière laide à l'extérieure et belle à l'intérieur, la psychologue infaillible à qui tout réussit, le flic paumé, etc.
    Pourtant, le fait est qu'on se laisse prendre par cette ambiance glauque, ce climat paranoïaque. On en viendrait presque à ressentir cette chaleur qui fait fondre l'asphalte des trottoirs strasbourgeois, cette angoisse qui étreint l'héroïne jusqu'à lui faire perdre la raison. La ville nous semble à la fois familière et différente. Les citoyens volontaires tentent d'y faire régner un ordre autoritaire et effrayant, la Traviata résonne de temps à autre, près des écluses, sans qu'on en connaisse la source. Quant au mystère concernant les survivantes du titre, il reste entier jusqu'à la toute fin...
    Sombre et glauque, oppressant et angoissant, ce polar est malheureusement trop confus pour être vraiment réussi mais crée une atmosphère suffisamment prenante pour qu'on le lise jusqu'au bout.