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Deuxième femme

Caroline Pochon

Buchet-Chastel

  • Conseillé par
    6 mai 2013

    Coincée à Caen entre un père trop sévère et une mère qui la couve, Hortense a toujours eu des rêves d'ailleurs qu'elle a concrétisés dans des histoires d'amour bancales avec des hommes venus d'Afrique. Après une énième rupture, Hortense, fragile, dépressive, en surpoids, accepte une invitation à un festival de cinéma au Burkina Faso. C'est là, à Ouagadougou, qu'un homme attire son attention, un orateur impertinent qui n'a pas peur de froisser les autorités du cinéma. Cet homme, c'est Seydou, le poète de Keur Massar, un griot sénégalais, un ancien acteur. Le coup de foudre les terrasse, la passion les consume. La séparation est impossible; Hortense reste en Afrique et suit Seydou à Keur Massar dans la banlieue de Dakar. Il veut faire d'elle sa femme mais il est déjà marié. Hortense sera donc sa deuxième épouse. Convertie à l'Islam et mariée dans le même temps, Hortense va devoir affronter la jalousie et la rancoeur d'Awa, la première épouse, mère d'un petit garçon et enceinte d'un deuxième enfant.

    Jusqu'où peut-on aller par amour? Peut-on tout accepter pour l'homme qu'on aime? Il faut peut-être avoir l'innocence de la jeunesse pour se laisser emporter par un coup de foudre et suivre un homme sans se poser trop de questions. Mais ensuite...Comment justifier que l'on s'impose dans une famille établie pour devenir la deuxième épouse? Les femmes de là-bas n'ont guère le choix, le mari est maître après Dieu, et elles sont nombreuses à faire taire leur indignation et à établir un statu quo avec l'autre épouse. Finalement, c'est, comme souvent, l'homme qui s'en sort le mieux. Même Seydou, le poète, l'homme sensible, s'accommode de cette situation inédite pour lui et honore chacune de ses femmes à tour de rôle. Prend-il une revanche sur son enfance en aliénant une femme blanche? Et Hortense? Agit-elle par amour seulement ou a-t-elle trouvé là l'ultime façon de se rebeller contre son père? Est-elle irrémédiablement amoureuse ou seulement vulnérable à cause de sa dépression? Considérée par sa belle-famille comme une source inépuisable d'argent, jalouse d'Awa, contrainte à une vie démunie, peut-elle s'adapter à cette nouvelle vie et renier son éducation, ses convictions? Et comment vivra-t-elle cette polygamie volontaire une fois de retour à Paris?
    Beaucoup de questions, peu de réponses dans ce récit dérangeant qui n'évite pas les clichés sur le sentiment de culpabilité des blancs envers l'Afrique et la vision des africains d'une France arrogante et riche. Par contre, Caroline POCHON donne à voir un Sénégal loin des images de cartes postales, une population pauvre, qui vit de bric et de broc dans un pays où tout manque. C'est une immersion totale dans la vie d'un quartier de Dakar avec ses traditions, ses croyances, ses rapports de force. Dans un style vif et haché, comme écrit au son des djembés qui s'enflamment les soirs de fête, elle réussit parfaitement à retranscrire l'ambiance africaine mais, malheureusement, peine à convaincre et à rendre ses personnages attachants.