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    20 juin 2013

    Lorsque leur père disparaît en mer à bord de son bateau de pêche, les trois frères Lauritzen sont contraints de quitter leur mère et leur petite île de Osterøya pour gagner Bergen et s'engager dans une corderie. Ils sont encore très jeunes mais déjà débrouillards et prennent sur leur temps libre pour construire la réplique d'un bateau viking. Ce n'est pas du tout au goût du contremaître qui, furieux, les renvoie sur leur île. Leur honte est bientôt balayée par le fils du propriétaire, enchanté par la maquette. Il se propose, avec les messieurs de l'organisme charitable "La Bonne intention", de financer leur scolarité d'abord, et de les envoyer ensuite à Dresde pour y faire des études d'ingénieur. Il est persuadé que ces garçons, une fois diplômés, seront ceux dont la Norvège a tant besoin pour s'atteler à un chantier réputé impossible : la ligne de chemin de fer reliant Bergen à Kristiana, la capitale.

    En 1901, fraîchement diplômés, Lauritz, Oscar et Sverre s'apprêtent à retourner au pays, pour s'acquitter de leur dette morale envers la "Bonne Intention". Mais ils ont chacun des projets différents. Lauritz se doit de trouver un emploi mieux rémunéré afin de satisfaire aux exigences du baron von Freital dont il veut épouser la fille Ingeborg. Oscar, fou amoureux, décide de partir à Berlin avec l'élue de son cœur, juste avant de se rendre compte qu'il a été victime d'une escroquerie. Sverre, quant à lui, fuit vers Londres avec l'homme qu'il aime.
    N'écoutant que son sens de l'honneur, Lauritz sera finalement le seul à revenir en Norvège, remettant ses projets de mariage à plus tard. Et Oscar ira exercer son art en Afrique de l'Est allemande, trop honteux pour parler à ses frères de sa déconvenue sentimentale.
    Derrière un titre pas très "glamour", se cache une pépite de la littérature scandinave, une passionnante saga qui raconte le destin de trois frères, fils pauvres d'un pêcheur mort en mer, sauvés d'une existence misérable par leurs talents manuels et un groupe de riches mécènes.
    Lauritz, l'aîné, va s'escrimer durant quelques années à réaliser le projet fou de construire la ligne Bergen-Kristiana. Sur le haut plateau du Hardangervidda, dans une nature hostile, il va relever les défis techniques les plus fous pour percer la glace, forer la roche et construire des ponts entre le ciel et la terre pendant qu'en Allemagne, la jeune baronne Ingeborg von Freital, féministe, démocrate, volontaire, entreprend des études d'infirmière, au grand dam de son père qui ne songe qu'à la marier à un homme de son rang et de sa classe.
    Oscar, aura lui aussi des défis à relever. Loin des tempêtes de neige, ce sont le soleil implacable de l'Afrique, les lions tueurs d'hommes, les attaques de cannibales et la malaria qui seront son lot. Ses ponts à lui s'élèveront sur la ligne reliant Dar es-Salaam au lac Tanganyika. Chasseur d'éléphants, vendeur d'ivoire et d'acajou, il va faire fortune dans cette Afrique chère à son cœur.
    De Sverre, il ne sera plus question. Le très pieux Lauritz ne peut pas accepter ses intolérables penchants sexuels et ne cherchera jamais à le revoir.
    On va donc suivre, Lauritz et Oscar, de l'obtention de leur diplôme en 1901 jusqu'à la fin de la première guerre mondiale en 1919. Les drames, les échecs, les joies, les réussites se mêlent à l'histoire du XXème siècle qui débute dans le plus bel optimisme : avancées techniques, progrès médicaux, démocratie, entente entre les peuples.
    Passionnant et instructif, Les ingénieurs du bout du monde est un roman d'aventures, d'amour, de famille, d'histoire, de sciences, etc. Un coup de coeur à lire absolument!