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Crème anglaise

Kate Clanchy

Plon

  • Conseillé par
    11 avril 2014

    1989. Phillip Prys auteur reconnu pour son œuvre est victime d'un AVC. Sa jeune épouse Shirin la deuxième en date voit débouler Myfanwy la première épouse de Phillip dans la maison d'Hampstead. Même si Phillip n'est pas mort, elle s'imagine déjà reprendre sa place dans cette maison qui lui revient selon l'acte notarial. Par souci d'économie, elle suggère à Shirin d'employer quelqu'un à domicile en complément des infirmières pour s'occuper de Phillip emmuré dans un silence, désormais prisonnier de son corps. Encouragé par l'un de ses professeurs, Struan élève brillant de dix-sept habitant une petite ville d'Ecosse répond à l'annonce "Géant de la littérature recherche jeune homme pour pousser sa chaise à roues. Logé, nourri, chambre individuelle à Hampstead."

    Struan n'a jamais quitté l'Ecosse, il s'est occupé de son père malade et a travaillé dans des hospices pour payer ses frais de scolarité. Loyal et serviable, le jeune homme qui admire Phillip Prys découvre Londres et ses habitants étranges à ses yeux. Juliet la fille de Phillip et Myfanwy une adolescente bien en chair et mal dans sa peau a décidé de passer l'été à Hampstead. Non pas pour s'occuper de son père mais juste pour faire enrager sa mère. Malgré l'état de santé de son père, son fils Jake ne s'est pas encore montré.
    Entre deux enfants égocentrique et superficiels, une première épouse vénale et l'actuelle mystérieuse Mme Prys, Struan fait de son mieux pour le bien-être de Phillip en espérant qu'un jour il réussisse à communiquer avec lui.

    Ce roman jubilatoire à l'humour corrosif n'en est pas moins une satire sociale ! Kate Clanchy épingle une société londonienne hautaine, dédaigneuse où Struan perdra son innocence.
    On ne s'ennuie pas une seule seconde dans ce roman drôle au style enlevé où l'auteure si elle met à jours les défauts de ses personnages à travers toute une époque leur témoigne une véritable empathie. Un bon premier roman à ne pas manquer !


  • Conseillé par
    7 mars 2014

    Londres nous voilà

    Struan est un cœur pur. Une espèce d’ingénu. Il est écossais et, à 17 ans, n’a jamais dépassé les frontières de son pays, voire de sa ville. Il est aussi brillant et l’un de ses professeurs, impressionné par ses talents multiples, lui suggère de réfléchir sérieusement à une petite annonce qu’il a repérée : « Géant de la littérature recherche jeune homme pour pousser sa chaise à roues. Logé, nourri, chambre individuelle à Hampstead. » Ce géant de la littérature n’est autre que Philip Prys, un auteur victime d’un AVC, que Struan a lu et qu’il admire. Hampstead est un quartier chic de Londres. Il n’y a pas à hésiter. Le voici débarqué dans cette ville légendaire qui ne ressemble en rien à ce qu’il avait imaginé : les passants ici ne sont ni excentriques, ni très affables. Il ne perd rien pour attendre. En arrivant dans la famille du dramaturge, il comprendra vite que les Londoniens sont assurément des individus très étranges. Naïf, serviable, il ne veut juger personne, ni la cupide ex-femme de Philip, ni sa fille, obèse et sournoise, ni la nouvelle épouse, jeune, belle et mystérieuse, ni même Philip avec qui il tente de communiquer. Tandis que Struan évolue pas à pas et qu’il commence à comprendre la complexité des êtres, le monde, lui, se métamorphose. Nous sommes en 1989, l’année où les murs s'écroulent et les tyrans sont fusillés. L’année d’une terrible canicule où peu à peu les masques vont tomber. Et le jeune homme découvrira que derrière se cachent parfois de bonnes surprises.

    " Crème anglaise " est un roman drôle et féroce qui raille une société londonienne arrogante, sûre de son fait avec son lot d’enfant gâtés, de femmes vénales, d'égoïstes impénitents. Struan n’est peut-être qu’un provincial qui ne sait ni s’habiller, ni se coiffer, un garçon sans doute un peu désuet, mais son influence, à peine visible, transformera la vie des autres. La sienne en sera, assurément, bouleversée.

    Kate Clanchy, née en Écosse, se serait inspirée de sa propre arrivée à Londres à la fin des années 80 pour écrire ce tout premier roman. On comprend mieux pourquoi son ton, moqueur mais tendre, sonne si juste.

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