Le Voleur des mers

"Le voleur des mers" est un ravissement. Quelle excitation de défaire l'élastique qui ferme le cahier à tranche toilée ! Sur la couverture couleur kraft, toute l'élégance du projet se tient dans la représentation elliptique du héros : "Il portait une longue cape, des bottes et un étrange chapeau. Blessé autrefois, le voleur des mers s'aidait d'une canne pour marcher". Tous les signes de la modernité et de l'avant garde éditoriale interpellent visuellement mais la langue est classique, tenue, soutenue même, au service d'un récit d'aventure et de transmission. "Le voleur des mers" émeut par sa capacité à invoquer une forme de tradition, une certaine idée (perdue ?) de ce qu'a pu être la littérature de jeunesse. Il émerveille avec tout ce qu'il apporte de neuf, par son souffle romanesque. Il laisse enfin à son lecteur la liberté de "meubler" les blancs d'une histoire réduite à son ossature et à investir la simplicité des formes, l'économie des couleurs des illustrations. Du grand art.