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Le train d'Alger

Béatrice Fontanel

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    6 juin 2016

    "Embuscades, rafale de mitraillette, mines, grenades, voitures piégées, coupe de fusil, coups de couteau… Je ne comprenais rien à cette sarabande macabre. Mais j'entendais… J'entendais des bruits, les explosions, les coups de sifflet, le cris, les tirs, les sirènes des ambulances dans la ville. J'entendais les gens courir. Rien de plus inquiétant pour moi que le bruit de pas de course, surtout lorsqu'on ne sait pas ce qui se passe." Nous sommes à Alger où la narratrice est encore une petite enfance en cette période sombre de l’histoire de l’Histoire avec le FLN, l’OSA et le souffle de l’indépendance revendiquée. On est loin des paroles rassurantes du 18 juillet 1962 de Charles de Gaulle : "Pour la France à part quelques enlèvements, les choses se passent à peu près convenablement."

    Agée de trois ans, en compagnie de sa mère dans un train, ce dernier saute, miné par les explosifs du FLN en 1959. Ce souvenir la hante toujours cinquante ans après avec des peurs, des angoisses. À Alger, la famille doit brusquement en France. Vite, très vite. Et maintenant, à ses parents devenus âgés, elle pose également des questions sur ce passé.

    Revenant sur son enfance à Alger puis sur l’arrivée de sa famille en France la dépression de sa mère et la folie, tout est livré par ses yeux d’enfants à l’époque sans chercher à faire un récit historique.
    Ajoutant son quotidien d’aujourd’hui, ses réflexions ses doutes et ses angoisses comme des graines de fleurs. "J'ai cherché à savoir d'où me vient ce goût exagéré pour la botanique. Je crois que c'est pour l'espoir et la fertilité… Quels que soient les tragédies, les drames, les destructions humaines, les plantes finissent toujours par repousser. Elles reviennent, en rampant s ‘il le faut , et recouvrent les ruines de leur manteau végétal."

    Des touches de tendresse, de peur mais aussi de bonheur, d'espoir avec une écriture dont la poésie fait mouche, Béatrice Fontanel nous offre une lecture qui prend aux tripes.

    "J'écris comme je lave le sol, à grande eau. Alors ça met du temps à sécher. C'est mon destin d'essorer."