Le Grand Refus
Réflexions sur la grève de décembre 1995
Alain Touraine, François Dubet, Didier LAPEYRONNIE
Fayard
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Les mutations économiques menacent les avantages et les garanties qu'avaient
obtenus les salariés des pays industriels. Quel modèle social, quelle action
politique opposer à la montée du chômage et de la précarité, au recul de la
protection sociale? La Grande-Bretagne a choisi le libéralisme brutal, mais
l'Allemagne a maintenu son économie sociale de marché; ses entreprises et ses
syndicats continuent à négocier.
Et la France? Depuis plus de vingt ans, elle tient deux discours opposés: pro-
européenne, elle accepte la libération de son économie; attachée au rôle
intégrateur de l'Etat national, elle refuse, à intervalles de plus en plus
rapprochés, une évolution qu'elle ne sait ni prévoir ni négocier.
Notre pays, en 1995, a connu sa plus grave crise sociale depuis un quart de
siècle. Comme les autres avant elle, celle-ci restera-t-elle sans lendemain,
la route suivie depuis des années conduira-t-elle sans changement à la monnaie
unique ou... à la prochaine crise? La France ne trouvera-t-elle pas le moyen
de sortir de la contradiction entre l'indispensable ouverture de son économie
et la nécessaire défense de ses citoyens contre l'inégalité et l'exclusion?
A.T.
obtenus les salariés des pays industriels. Quel modèle social, quelle action
politique opposer à la montée du chômage et de la précarité, au recul de la
protection sociale? La Grande-Bretagne a choisi le libéralisme brutal, mais
l'Allemagne a maintenu son économie sociale de marché; ses entreprises et ses
syndicats continuent à négocier.
Et la France? Depuis plus de vingt ans, elle tient deux discours opposés: pro-
européenne, elle accepte la libération de son économie; attachée au rôle
intégrateur de l'Etat national, elle refuse, à intervalles de plus en plus
rapprochés, une évolution qu'elle ne sait ni prévoir ni négocier.
Notre pays, en 1995, a connu sa plus grave crise sociale depuis un quart de
siècle. Comme les autres avant elle, celle-ci restera-t-elle sans lendemain,
la route suivie depuis des années conduira-t-elle sans changement à la monnaie
unique ou... à la prochaine crise? La France ne trouvera-t-elle pas le moyen
de sortir de la contradiction entre l'indispensable ouverture de son économie
et la nécessaire défense de ses citoyens contre l'inégalité et l'exclusion?
A.T.
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