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Marquer la ville, Signes, traces, empreintes du pouvoir (XIIIe-XVIe siècle)
EAN13
9782859449308
Éditeur
Publications de la Sorbonne
Date de publication
Collection
Histoire ancienne et médiévale
Langue
français

Marquer la ville

Signes, traces, empreintes du pouvoir (XIIIe-XVIe siècle)

Publications de la Sorbonne

Histoire ancienne et médiévale

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782859449308
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[...] « Marquer la ville » : on aura d’emblée noté que c’est davantage un
processus (et ce processus ne peut être naturellement que politique) qu’une
typologie formelle qui rassemble ici les différents auteurs. Reste qu’en tant
qu’historiens, nous n’avons guère le choix : il faut bien partir d’une
description cartographique des empreintes du pouvoir sur la ville pour tenter
de reconstituer le mouvement qui les y a laissé, exactement de la même manière
que celle du chasseur qui, se penchant vers les traces de sa proie, en déduit
que quelqu’un est passé par là, où comme l’archéologue dont la source ne peut
être que « l’empreinte du passé marqué dans la matière ». De l’empreinte du
pouvoir évidant le centre de la ville aux itinéraires discrètement réticulées
qu’impose une forme urbaine dont les rues ne sont pas nommées, Roland Barthes
décrit en somme les deux extrémités d’un arc que l’on ambitionne de parcourir
dans son entier. Ainsi peut-on espérer définir une rhétorique de la puissance
à partir du marquage de la ville par les pouvoirs urbains, et tenter d’y
mesurer les parts respectives de la communication, de la persuasion, de
l’intimidation ou de la propagande – que celle-ci soit implicite ou explicite.
Il s’agit donc avant tout d’inviter à une histoire matérielle, concrète,
tangible, du marquage urbain, en ne présumant pas de la nature
institutionnelle du pouvoir qui s’y exprime mais en partant simplement d’une
phénoménologie : qu’est-ce qui, en ville, parle du pouvoir, à qui et « sur
quel ton commande-t-il ? » ajouterait volontiers Paul Veyne. Cette sémiologie
politique des espaces urbains doit pouvoir se lire à différentes échelles :
des signes les plus discrets (enseignes, blasons, bornes) aux empreintes les
plus massives que sont les manifestations architecturales de l’autorité. Mais
si l’on doit varier les échelles, il faut également pouvoir reconnaître les
différentes intensités du signal : décrire les effets massifs de sens (l’ombre
portée d’une tour sur un quartier, ou du château sur la ville tout entière)
qui peuvent entraîner des conflits majeurs dans l’occupation de l’espace, mais
aussi les éléments ténus d’une « guérilla sémiologique » plus diffuse et à bas
bruit (les marques gravées ou griffées sur la pierre, l’écrit éphémère ou les
images peintes, voire le paysage sonore) qui participent aussi de la dispute
des lieux. Car nous partons sans doute de l’hypothèse que les expressions du
pouvoir les plus véhémentes et les plus démonstratives ne sont pas
nécessairement les plus convaincantes.
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