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La sourde violence des rêves
EAN13
9782889072873
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
Ecrits d'ailleurs
Langue
français

La sourde violence des rêves

Zoé

Ecrits d'ailleurs

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889072873
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    9.99

  • Aide EAN13 : 9782889072880
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    9.99

Autre version disponible

Roman monde, La Sourde Violence des rêves dépeint le désarroi et la colère des
jeunes noirs confrontés au racisme et au mépris de classe qu’ils croyaient
abolis en même temps que l’apartheid. Bruissant d’une dizaine de voix, le
texte est construit autour de Tshepo, le protagoniste central, un jeune
étudiant en rupture et en quête d’identité. À 23 ans, il est enfermé dans un
asile psychiatrique après une crise déclenchée par un excès de « ganja », mais
il parvient à s’enfuir de cet univers plus proche de la prison que de
l’hôpital. Il se retrouve libre, mais fauché. Pour reprendre pied, il entame
une quête qui le révélera à lui-même, à travers le Cap, cette ville aux
allures d’une San Francisco des antipodes, où se déploient toutes les nuances
raciales et sociales. C’est finalement dans un salon de massage que Tshepo
trouvera la fraternité : un lieu de prostitution gay pour l'essentiel, un
antidote à la violence ambiante. Dans la petite communauté des masseurs, sorte
de confrérie d'ordre social et esthétique, de nouveaux rapports humains se
dessinent pour Tshepo, en même temps qu'une sexualité nouvelle, solaire,
presque mystique: « le sexe est tellement laid aujourd'hui, si basique,
tellement dépourvu de beauté, de transcendance, de toute esthétique (…), on
essaie d'aller au-delà nous aussi, nous sommes des artistes révolutionnaires
d'un autre genre ». Une utopie fragile, rassurante, où les différences de
couleur sont abolies. Tshepo découvrira que l'on peut s'aimer, se respecter
entre races. Dans un épisode marquant, son collègue et ami afrikaaner blanc,
le bien nommé West, l'emmène rencontrer sa mère et son monde rural toujours
imprégné par l'apartheid. Un roman choral Autour de Tshepo évoluent d’autres
personnages, une dizaine, dont les monologues composent le récit. Parmi ces
autres voix se détache surtout celle de Mmabatho, la meilleure amie de Tshepo,
apprentie comédienne qui s’interroge sur ses rapports avec les hommes et sur
la maternité, mais puise ses ressources dans le parcours de combattante
qu’elle a vécu, tous les « marathons » qu’elle a disputés et l’expérience de
tant de « salauds » qu’elle a connus: "Je croyais que l’amour, ça pouvait se
contrôler. Je veux que ce soit doux, je me disais. Je voulais le modeler comme
une sculpture, le garder à ma main. Ça fait trop longtemps que je traîne la
dépression larvée de mes précédentes ruptures. Je trimballe trop de regrets,
de blessures, des choses que j’aurais dû dire, mais que j’ai gardées. Je me
suis bercée de l’illusion que je pouvais dompter l’amour, que je pouvais
rencontrer un homme selon mes termes, quand ça me convenait. J’ai lu trop de
magazines, écouté trop de psychologues et d’experts à deux balles (...). Le
plus triste, c’est qu’il (Arne, son amant) ne saura jamais. Il ne saura jamais
tout qu’il faut faire pour être une femme, la somme de précautions. Il ne
connaîtra jamais les luttes avec soi-même, avec les autres femmes. Pour lui,
je serai simplement une femme comme une autre, qui pleure parce que c’est ce
que font les femmes. " Il émane une énergie galvanisante de ces voix mêlées
qui disent avec des mots neufs les maux de la nouvelle Afrique du Sud. Hommes
et femmes, jeunes pour la plupart, se cherchent dans un monde où les luttes du
temps de l'apartheid sont comme des stigmates inscrits au plus profond des
chairs avec lesquels il faut apprendre à recomposer. Un roman de
l’intersectionnalité de premier ordre La sourde violence des rêves de K. Sello
Duiker est aujourd’hui une référence littéraire en Afrique du Sud. Le nom de
son auteur a été donné à un prix littéraire. Des analyses de tous ordres se
multipliées au fil des ans en Afrique australe et dans le monde anglo-saxon.
Foisonnantes à l’image du roman, elles s’attachent pour certaines à la
description de l’oppression psychiatrique, d’autres à la condition féminine,
d’autres enfin, plus nombreuses, le relient à la littérature gay ou queer.
Avec le recul, vingt ans après sa parution, l’originalité de La sourde
violence des rêves tient surtout à l’éventail de ses thèmes qui
s’entrecroisent et se renforcent, dont aucun ne prend le dessus. Sans le
programmer, Duiker pourrait bien, pour une jeunesse qui a eu 20 ans en l’an
2000 et la génération « Z » qui a suivi, non seulement sud-africaine mais
aussi dans le monde, avoir écrit un roman de l’intersectionnalité : celle des
revendications féministes, des luttes raciales et de l’effacement des
frontières entre les genres. Paru dans une maison sud-africaine, Kwela Books,
en 2001, le roman a eu un écho retentissant à l’international. Les
traductions, néerlandaise, allemande, italienne, se sont succédées, et le
public a suivi. A la parution en français en 2014, Catherine Simon (Le Monde)
a salué le « portrait époustouflant de la jeunesse du Cap, ce récit-fleuve,
plein de mélancolie, de fureur et de sexe […], souffle de vie jusqu’à ce jour
inégalé ». Quelques extraits de la préface de Jean-Pierre Orban (voir pdf en
annexe pour la préface intégrale) Polyphonique, La sourde violence des rêves
est aussi un voyage dans les cercles de l’âme humaine. Une Divine Comédie des
antipodes dans la ville aussi blanche que noire du Cap. Duiker nous en décrit
les divers cercles, depuis les hôpitaux psychiatriques jusqu’aux quartiers
huppés, en passant par les boîtes de nuit et les colocations miteuses. Il nous
emmène de l’enfer jusqu’à l’approche d’un paradis sous la forme d’un salon de
massage découvert, presque comme pour Dante, au milieu de son chemin. Soudain,
s’ouvre alors la porte d’un nouvel univers, le creuset symbolique d’un futur
de relations apaisées, fondées sur la douceur et l’attention à l’autre. Dans
ce lieu qui est pourtant de sexe monétisé, s’élabore une communauté
fraternelle entre les masseurs, tous masculins, et par-delà, avec la clientèle
elle-même essentiellement masculine. Et se dessinent les traits d’une société
esthétique, presque mystique, où le sexe « n’est que le début, […] le véhicule
improbable pour rejoindre une certaine destination ». Pour dépasser la
violence, les antagonismes entre races, les frontières entre genres et
sexualités et trouver, enfin, l’amour. Et peut-être son identité profonde et
acceptée. Duiker n’aura pas choisi la facilité. Dans une Afrique noire où
l’homosexualité est encore largement taboue, il aura fait parcourir à ses
lectrices et lecteurs un itinéraire qui va du trouble à un espoir de clarté,
de la violence à un horizon de fraternité. En composant au pinceau fin une
fresque intimiste où la variété des figures ne cède jamais à la suprématie de
l’une d’elles, où la femme trace sa voie seule et la montre plus d’une fois à
l’homme, où toutes les sensibilités et toutes les sexualités ont égal droit de
cité, où les races se mêlent sans s’entretuer et les langues s’entrecroisent
sans s’écorcher, où la maladie psychiatrique se révèle le symptôme d’un
traumatisme historique et social, le jeune auteur sud-africain aura, avant de
disparaître, donné à notre temps une œuvre qui l’annonce et nous aide à le
décrypter. En sachant d’où il est né : du passé qui, dans la douleur, l’a
engendré.On ne s’étonnera pas, dès lors, que La sourde violence des rêves soit
devenu un livre majeur de la nouvelle littérature sud-africaine, un roman
sensible sur les séquelles individuelles de l’histoire et un jalon universel
dans l’écriture gay, et, au-delà de celle-ci, de toutes les minorités. Ces
minorités, réelles ou sociales, dont la multiplicité forme désormais la
majorité de nos sociétés. Kabelo Sello Duiker naît en 1974 à Soweto, le plus
grand des townships sud-africains, qui a connu les célèbres émeutes contre
l’apartheid. Mais au sein de cette zone surpeuplée de la banlieue de
Johannesburg réservée aux gens de couleur, Duiker grandit dans un quartier
plus calme, où réside sa famille qui appartient à la moyenne bourgeoisie. Il
est envoyé dans une école privée catholique et, au début du lycée, dans une
institution d’élite fréquentée essentiellement par des blancs. À 16 ans, il
termine son lycée en Grande-Bretagne, puis passe une année sabbatique en
France avant de retourner en Afrique du Sud et de suivre des études
universitaires au Cap. Il s’installera dan...
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