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Brigade Sud : Crime parfait ?
EAN13
9782700231496
ISBN
978-2-7002-3149-6
Éditeur
Rageot
Date de publication
Collection
Heure noire
Séries
Brigade Sud
Nombre de pages
160
Dimensions
19 x 13 cm
Poids
200 g
Langue
français
Code dewey
804

Brigade Sud : Crime parfait ?

De

Rageot

Heure noire

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SOMMAIRE

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978-2-700-23149-6

ISSN 1766-3016

© RAGEOT-ÉDITEUR – PARIS, 2009.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés
pour tous pays. Loi n° 49-956 du 16-07-1949 sur les publications
destinées à la jeunesse.

Du même auteur, dans la même série :

Brigade Sud : la disparition
Brigade Sud : le jeu du tueur
Brigade Sud : le train fantôme

1

« Le sommeil n'est pas un lieu sûr. »

Jean Cocteau

Dimanche.

Minuit.

Les longs couloirs de l'institution privée Bacordière respiraient à l'unisson des internes consignés pour le week-end. Un silence profond entourait l'établissement réputé pour son encadrement pédagogique et ses résultats exceptionnels obtenus au baccalauréat. Chaque année, le taux de réussite affichait cent pour cent. Une fierté pour les enseignants qui y travaillaient, un gage de sérieux pour les parents qui y inscrivaient leurs enfants.

Malgré la pénombre, Mathias Despinos termina sa ronde d'un pas assuré, sans avoir recours à sa lampe torche. Sept ans maintenant qu'il était surveillant dans l'établissement. Il le connaissait comme la poche de son jean favori.e9782700231496_i0002.jpg

Après s'être assuré une dernière fois qu'aucun garçon ne s'était attardé dans l'aile du bâtiment réservée aux filles, Despinos regagna son studio, à l'écart du dortoir principal.

À peine entré, il perçut une présence.

Il se retourna brusquement et distingua une forme installée dans son fauteuil.

– Salut ! Tu en as mis du temps pour revenir.

– Bon sang, c'est toi ! souffla Despinos. Tu m'as fait peur.

– Tu t'attendais à voir qui ? Dracula en personne ? Je te rappelle que c'est toi qui m'as demandé de passer.

Le surveillant posa sa lampe torche sur la table de nuit et ôta sa veste.

– Comment as-tu fait pour entrer ?

– Je n'ai eu qu'à pousser la porte, tu l'avais laissée ouverte.

Despinos maudit ses mauvaises habitudes, mais ne laissa rien paraître de son agacement.

– Bien, discutons un peu de nos affaires.

Tout en parlant, Despinos se dirigea vers le coin cuisine. Il ouvrit la porte d'un petit frigo et une lumière bleutée emplit la pièce. Se penchant pour récupérer une bouteille de bière, il demanda :

– As-tu réfléchi à ma proposition ?

L'ombre se leva sans bruit.

– C'est pour te donner ma réponse que je suis là.

Despinos referma la porte et l'obscurité retrouva sa place.

Cherchant à tâtons le décapsuleur qui traînait quelque part sur le dessus du frigo, le surveillant le trouva enfin et fit sauter la capsule d'un geste expert.

– Alors, quelle est ta réponse ?

Elle tomba comme un couperet affûté.

– C'est non ! Tu n'auras rien.

Despinos blêmit. Une colère sourde monta en lui. D'une main tremblante, il déposa la bouteille sur le frigo et s'approcha du visiteur. L'agrippant par le col, il le plaqua violemment contre la cloison.

– Espèce de sale merdeux ! Comment oses-tu me tenir tête ?

L'autre tenta vainement de se dégager.

– Lâche-moi !

Mais Despinos était plus fort.

– Je te conseille de coopérer, tu sais bien que je ne renonce jamais !

Encore une tentative pour se libérer de l'emprise du surveillant.

– Lâche-moi, j'te dis ! Lâche-moi !

Rien n'y fit. Au contraire, Despinos resserra son étreinte et approcha un visage menaçant.

– On ne joue pas avec moi, tu devrais le savoir !

L'autre paniqua. Sa main droite battit l'air... et rencontra la lampe torche posée sur la table de nuit.

Avant même que Despinos ne se rende compte que son adversaire était désormais en mesure de se défendre, celui-ci lui asséna un violent coup sur le sommet du crâne.

Le surveillant partit en arrière, tenta de se rattraper au frigo mais, pour finir, bascula par-dessus et s'écrasa au sol. Un filet de sang s'écoula de l'oreille droite de Despinos.

Tandis que la tache rougeâtre se répandait sur les tomettes, l'agresseur lâcha la lampe torche sur le corps inerte.

2

« Si vous ne pouvez pas répondre à l'argument de quelqu'un, tout n'est pas perdu. Vous pouvez encore l'injurier. »

Elbert Hubbard

L'amphithéâtre de l'école de police était plein à craquer. Depuis le début du trimestre, les étudiants se bousculaient pour assister au cours dispensé par le capitaine de la Brigade Sud. Module sobrement intitulé : « Sur la piste du crime ».

Gabriel Roullier consulta sa montre à la dérobée. Dans moins d'une heure, sa fille Inès arrivait gare Saint-Charles. Elle venait passer la semaine à Marseille. Il ne pouvait pas se permettre d'être en retard.

Il releva la tête et demanda à la cantonade :

– Quelqu'un a-t-il une question ?

Un élève gardien de la paix leva la main. Roullier l'avait déjà repéré. Il était intervenu à plusieurs reprises et il lui rappelait Jimenez. Son impertinence, sa vivacité d'esprit, son humour. Sa curiosité intellectuelle aussi.

Roullier le pointa du doigt.

– Oui, je vous écoute ?

Le jeune homme respira un bon coup. Une centaine d'élèves avaient les yeux fixés sur lui.

– Si j'ai bien suivi votre exposé, dit-il d'une voix mal assurée, le crime parfait n'existe pas.

– En quelque sorte, lui répondit Roullier, volontiers évasif lorsque cela l'arrangeait.

– Pourtant, il y a des meurtres dont on n'a jamais retrouvé les coupables.

Roullier esquissa un sourire.

– Vous avez raison. Mais dans ce cas, je préfère ne pas parler de crime parfait.

– Comment ça ?

– Selon moi, on ne réalise pas un crime parfait parce qu'on n'est pas arrêté !

Un silence total emplit l'amphithéâtre. Tout le monde était suspendu aux lèvres de l'officier de police. Qui reprit :

– Tant que les faits ne tombent pas sous le coup de la prescription, le coupable demeure avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête.

Une étudiante aux cheveux frisés leva la main à son tour.

Roullier lui donna la parole.

– Quelle est la durée légale de prescription pour un meurtre ?

– En France, elle est de dix ans à compter du jour où le meurtre a été commis. Ce qui peut paraître bien court pour un délit aussi grave, je reviendrai sur ce point lors de ma prochaine intervention.

Le jeune homme reprit la parole sans même y être invité.

– Quel serait selon vous le crime parfait ? Roullier hésita quelques secondes avant de répondre :

– D'après moi, le crime parfait consisterait à faire accuser quelqu'un d'autre à sa place. Et que cette personne croupisse pour le restant de ses jours en prison !

– Mais ce genre de crime parfait existe-t-il ? insista l'élève.

Roullier laissa échapper un rictus.
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