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Format
Broché
EAN13
9782917504390
ISBN
978-2-917504-39-0
Éditeur
Éditions La Barque
Date de publication
Nombre de pages
348
Dimensions
21,5 x 14,5 x 2,7 cm
Poids
530 g
Langue
français

Un homme de plus

Récit

De

Éditions La Barque

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  • Vendu par Le Merle Moqueur
    26.00

Le poète, essayiste, traducteur du grec (Yannis Ritsos, Constantin Cavafis...) et du tchèque (Vladimir Holan, Jaroslav Seifert), Dominique Grandmont (né le 25 janvier 1941), nous confie ici un livre considérable de pensées et d’Histoire(s), où par la mémoire du récit se réinvente l’autobiographie, le long de 12 chapitres et un épilogue, plus particulièrement tourné vers la Grèce, pays de prédilection de son auteur qu’il nous donne à découvrir comme son « enfance impossible à partager » (Chap. X), avec toutefois, en des sauts périlleux, des points de fuite (parfois par de simples retours à la ligne) en Russie et en France.
Livre d’une vie ou de vie, la vie le fondant, fondant son écriture-même en rien formaliste, se pouvant être rapproché sur certains aspects, dans l’enchantement de la pensée et sa lucidité, du Voyage en Arménie de Mandelstam et Le Métier de vivre de Pavese.
Traces subtiles mémorielles, des années 1950 à nos jours, de voyages, d’êtres rencontrés (Ritsos et Aragon pour les plus célèbres, mais aussi d’hommes et de femmes oubliés de l’Histoire : ouvriers, guides, gens de cafés, danseurs et musiciens, poètes...), au travers desquels ce que nous sommes se trouve interrogé « puisque c’est de l’imaginaire qui entre dans un réel dont il [le narrateur] ne ressortira plus » (Chap. I), puisque aussi écrire crée un fait : « Ce n’est pas moi, la première personne. C’est le moyen le plus sûr de relier les temps et les lieux sans mélanger les dates. » (Chap. I)
Ou encore, écrit-il, nous aiguillant sur le sens du titre donné à cet ouvrage, Un homme de plus : « C’est parce que je n’y comprends rien que la vérité existe, et que j’arrive à exister en dehors de cet inexplicable qui nous constitue. Je ne puis croire qu’à l’impossible pour essayer de le comprendre, et c’est ce que j’ai sous les yeux. C’est à ce titre-là qu’écrire est un sacrement d’obscurité où l’écrivain n’est jamais qu’un homme de plus, même s’il est choisi par ceux qui lui demandent de porter la parole commune. » (Chap. XII)
Écriture éminemment poétique, comme en témoigne encore cet extrait, parmi bien d’autres, dans ce passage situé cette fois à Moscou :
« De jour comme de nuit, les corbeaux viennent tournoyer autour de l’étoile rouge qui surmonte la tour Saint-Sauveur, à l’entrée du Kremlin. Ils jouent à se pourchasser ou à se laisser porter par les remous de l’air chaud, sous la neige protectrice qui ne cesse de tomber. Je les vois ralentir dans leur vrille ascendante, avant de s’imprimer dans la marge blanche de la nuit pour lancer des éclairs de connivence sauvage, comme des mouettes sur une mer obscure que le sel d’argent de la mémoire aurait inversée. » (Chap. X).
Poésie et politique inconciliables, semble-t-il, car ce qu’il nomme ses « camarades » sont « ceux dont la politique ne rendrait jamais compte, ou qui n’avaient pas le temps d’attendre l’ascenseur, cette femme d’un soir dont les doigts tremblaient tellement que les billets de banque semblaient se multiplier dans ses mains, ou celui qui rit tout seul sur la place déserte comme un cheval qui hennit, ceux qui ne sont pas revenus parce que j’avais lu sur un mur en Grèce qu’en dehors de l’impérialisme et des monopoles, il y avait la solitude. » (Chap. VIII)
Nous avançons sans sûreté, et cette absence de sûreté nous semble la vie telle. Ainsi, bien qu’il ne s’agisse en ce dernier extrait suivant pas de ce texte, l’auteur semble nous souffler : « S’il y avait un message, il était partout. Il ne se déchiffrait que par bribes et morceaux dont beaucoup se perdaient à mesure qu’on en recommençait la lecture, mais c’était la fin de l’exil, de cette interminable aventure où l’avenir n’avait servi qu’à donner sa force au présent. » (Épilogue)
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