"Halte-là, les montagnards sont là !"

Quel groupe choral serait composé de membres assez fous pour laisser femmes, enfants, familles, métier, puis partir à l’aventure à travers l’Europe, l’Egypte, la Palestine, le Liban, la Grèce, la Turquie, et cela sans revenir pendant... 16 ans ? Or, un tel groupe a bel et bien existé : il s’agit des Chanteurs Montagnards d’Alfred Roland.Partis de Bagnères-de-Bigorre en 1838, sous la conduite de leur directeur Alfred Roland, quarante chanteurs vont accomplir un prodigieux périple et ne revenir qu’en 1854. Entre temps, en diligence ou en chariot, à dos de chameau, à pied même, ils auront parcouru les mauvaises routes et les difficiles chemins de l’époque, faisant face à mille mésaventures, à mille dangers. Ils auront échappé à des coups de couteau, à des lapidations, à des noyades. Ils auront connu les neiges épaisses des pays nordiques, les aurores boréales, les soleils de minuit, les fastes des palais du tsar et ceux du mystérieux sérail du Sultan de Constantinople. Ils auront subi la faim, les privations, le froid insoutenable des rivages dela Baltique et l’affreuse chaleur des plateaux désertiques du Moyen-Orient où rodent des pillards. Ils auront chanté pour des rois, des princes, des empereurs, pour le pape même, mais aussi pour d’obscurs paysans, des moujiks, des chameliers.Les descendants de ce groupe extraordinaire existent toujours à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Leur chorale, fondée en 1832, constitue certainement la plus ancienne chorale profane de France et sans doute d’Europe. Ils se produisent en France et à l’Etranger. Eux aussi ont chanté devant de hauts personnages, devant des ministres, devant le pape, mais également dans d’humbles villages.