www.leslibraires.fr

Londres Express

Peter Loughran

Gallimard

  • Conseillé par (Librairie Nouvelle)
    30 novembre 2020

    Règlement de comptes

    Après une soirée périlleuse et bien arrosée, le narrateur doit reprendre le train pour le port de Londres afin d'embarquer sur un navire en tant que matelot. Il se retrouve alors en cabine avec deux bonnes sœurs et une fillette, l'ironie de leur situation respective l'entraînant dans une longue rêverie hallucinée.

    S'adressant directement au lecteur, celui-ci va découvrir au fil des miles les souvenirs et la psyché d'un homme tortueux et malade.

    On a peine à croire qu'un texte aussi violent et ambivalent ait pu être publié dans les années 60. Et pourtant.

    Sachez tout de suite que cette lecture m'a emballée sur tous les points. Que ce soit l'argot ou la vulgarité du narrateur, (mysogine, anticlérical, etc.) ses digressions alambiquées ou pleines de bon sens sur la vie et la société, sa manière de refaire le monde en se donnant le beau rôle, tout est absolument parfait de justesse dans le ton. Lequel transpire la mauvaise foi et l'auto-justification permanente.

    La progression du livre, alternant entre la narration du trajet en train et les souvenirs cuisants du narrateur, (de la veille, de son enfance) est parfaitement maîtrisée pour qu'on ne puisse plus lâcher le bouquin et progresser rapidement.
    Jusqu'à l'insoutenable que je ne peux évidemment pas dévoiler mais que l'on pressent assez vite.

    Drôle, extrêmement violent, vulgaire -sans que cela soit gratuit- accrocheur par son rythme cadencé et infernal... Un exemple d'humanité abîmée par la solitude et la violence sociale, jusqu'à la folie, qui continuera de me marquer longtemps.

    Par l'auteur de Jacqui, publié aux excellentes éditions Tusitala et que je vous recommande également chaudement.

    Martin

    " Comme je le disais, j'ai toujours été doux et timide comme caractère. M'a fallu plus de dix ans pour apprendre à être coriace. Même quand j'avais le dessus dans une bagarre, je pouvais jamais me décider à finir le boulot. Ce qui faut faire, c'est défoncer le portrait de l'autre jusqu'à ce qu'il puisse plus se relever, mais, moi, je les laissais toujours se remettre debout. C'est con, vous me direz. En guise de remerciements, le môme est pas plus tôt sur ses pattes qu'il vous file un coquard. Les gens méritent pas qu'on leur fasse une fleur, faut être vache avec eux. "