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Une république lumineuse

Andrés Barba

Christian Bourgois

  • Conseillé par (Librairie Nouvelle)
    5 novembre 2020

    Nos chers enfants

    Un narrateur revient devant le lecteur sur les événements troublants survenus dans la ville de San Cristobal et s'interroge sur l'enfance, ce continent inconnu.

    Quel sens donner après coup au surgissement de ces bandes d'enfants vivant entre eux et parlant un dialecte incompréhensible ? Constituant une contre-société close, volant, jouant et disparaissant à tour de rôle au grand dam d'adultes dépassés, ils les débordent par le jaillissement de leur vitalité. Ceux-ci étant incapable d'interpréter ce comportement illogique et les signes (s'il y en a) que constituent ce défi lancé à la civilisation des adultes rationnels.

    Une angoisse sourde et une tension violente traverse ainsi le lecteur tout au long de la lecture de ce court roman captivant par son étrangeté si proche de nous.
    Car quoi de mieux connu et étudié que l'enfant et son développement ?

    L'enquête que reconstitue pièce par pièce pour nous ce fonctionnaire à l'enfance de cette petite ville de province se révélera passionnante. Les indices semés au fil du roman ne laissant que supposer une fin tragique, un dénouement insupportable et inacceptable à la hauteur de ce texte remuant. Une lecture troublante et angoissante qui aura continué de m'interpeller une fois le livre refermé.

    Martin


  • Conseillé par (La Chouette librairie)
    26 juin 2020

    Coup de cœur de la chouette

    Une ville en bordure de jungle devient le théâtre d'un terrible fait divers, alors qu'un groupe d'enfants "sauvages" attaque un supermarché. Le narrateur revient sur les prémices de cet événement, et sur son dénouement dramatique, alors que la liberté sans limite de ces enfants avait créé une situation hors de contrôle... Un texte étrange comme on les aime !


  • Conseillé par (Librairie Comme Un Roman)
    2 juin 2020

    Quelque part en Amérique du Sud, l'harmonie d'une petite ville est troublée par l'apparition progressive et énigmatique d'un groupe d'enfants, semblant sortis de nulle part et parlant une langue incompréhensible.
    L'inquiétude s'installe chez les habitants mais nul ne se doute encore des répercussions de cette venue...

    C'est un roman magnifique, étrange et fascinant, à lire absolument !


  • Conseillé par (Librairies de Port Maria)
    29 mai 2020

    San Cristobal, 1993.
    Dans la moiteur tropicale des rues sales de la ville apparaissent et disparaissent aussi vite des enfants de 9 à 13 ans qui parlent une langue inconnue.
    La chasse à l'enfant va s'intensifier et aboutir au drame...
    Une fable très bien composée et pleine de suspense, qui intrigue, qui interpelle...


  • Conseillé par (Librairie Obliques)
    20 mai 2020

    Terreurs enfantines

    Les enfants ont ceci d'inquiétant qu'ils ne sont pas de notre monde. Parce qu'ils n'ont pas encore appris à les ignorer, ils voient des choses que nous ne voyons pas. Ils comprennent des mystères que nous avons renoncé à percer. Quand ils nous ne le font remarquer, nous nous extasions ou bien prenons peur.
    Cet écart entre notre réel et le leur est la substance de ce roman exceptionnel, construit autour d'un fait divers fictif, survenu au milieu des années 90, au Brésil, suppose-t-on.

    Le narrateur, employé municipal de la ville de San Cristobal, raconte, des années plus tard, ce qu'il a vu, et à quel point cette histoire continue de le hanter.
    Des enfants donc, sortis de la jungle, des égouts ou bien de nos propres maisons, ont commencé à frayer en bandes. Sauvages, libres, incompréhensibles, et par conséquent dangereux. Invisible aux yeux des citoyens, comme le sont les sans-abris, ou les immigrés, la horde a enflé, pour qu'on la remarque, pour qu'il ne soit plus possible de faire sans elle, pour qu'en définitive, la confrontation ait lieu.

    Le lecteur découvre cette fable terrifiante et bouleversante par le récit d'un homme qui a déjà fait le bilan de l'expérience, qui est déjà loin de la panique et de l'incompréhension de ces quelques semaines de peur. Cette tonalité dépassionnée et presque mélancolique du récit est l'une des belles trouvailles littéraires du roman car elle se permet le temps de l'analyse et tient à distance le sensationnel, le suspens, qui aurait pu parasiter l'infinité de réflexions que suscitent les faits, bruts, nus. Elle nous fait aussi comprendre à quel point la vie personnelle d'un observateur biaise son témoignage et le contamine.

    Andrés Barba a cette intelligence littéraire de ne jamais aller du côté des chemins déjà parcourus. A aucun moment il ne sera question de Sa majesté des mouches ou d'un quelconque mythe de l'enfant féral. Ces gamins qui s'en prennent aux adultes de San Cristobal, au contraire, sont un produit de l'urbanité, la face négative de la civilisation, surgie pour la questionner, jusqu'au harcèlement, jusqu'à l'agression. Gratuite ? C'est toute la question du roman, sans réponse, que de savoir qui, de l'agresseur et de la victime, est le vrai coupable. L'enfant qui mord, ou l'adulte qui lui serre le bras ?
    Après toutes ces années, notre narrateur est toujours incapable de le déterminer et nous laisse, nous lecteurs, avec le même désarroi, la même inquiétude muette. Qu'offre-t-on à nos enfants ?