L'artiste sous surveillance
Le destin de Chostakovitch, compositeur à la fois honoré et persécuté du régime soviétique symbolise exactement toute la schizophrénie du règne stalinien. Car nul ne peut se prévaloir d'un statut d'exception, protégé ; bien au contraire, l'élection est aussi ce qui vous désigne comme exemple et comme menace et vous condamne, donc, à une étroite surveillance. C'est ce que vécu Chostakovitch parmi d'autres artistes, censés représenter la supériorité de l'homme soviétique aux yeux du monde.
Le portrait de Barnes, retraçant les événements fondamentaux de la vie du compositeur, évoque un homme fragile, rongé par la peur de mourir exécuté et la culpabilité de vivre, entouré d'amis moins chanceux que lui. Chostakovitch, s'il resta en Russie toute sa vie, ne fut pas le compositeur zélé et enthousiaste du régime. Sa musique fut censuré, corrigé... et le mensonge et la dissimulation accompagna ses créations durant toute sa vie. L'écriture de Julian Barnes d'une grande fluidité rend ce questionnement sur le statut de l'artiste sous un régime totalitaire passionnant et sensible.
Dans l'Italie du Nord au dix-neuvième siècle, une famille accueille de façon impromptue la fiancée du fils, envoyé en Angleterre pour se former aux dernières innovations de l'industrie textile. Cependant la longueur de son absence devient de plus en plus énigmatique. Non moins énigmatiques, les us et coutumes de cette famille fort peu conventionnelle qui entreprend l'éducation esthétique et sensuelle de la jeune fille.
Le raffinement, l’excentricité de leur art de vivre troublent autant que le récit qui nous les décrit : plusieurs voix narratives se mêlent pour faire entrer dans le mystère d'une peur héréditaire, d'un monde qui vacille. Le libertinage affiché presque comme un pastiche confine dans ce texte de Alessandro Baricco à une recherche autant littéraire que spirituelle.
Dans l'Italie du Nord au dix-neuvième siècle, une famille accueille de façon impromptue la fiancée du fils, envoyé en Angleterre pour se former aux dernières innovations de l'industrie textile. Cependant la longueur de son absence devient de plus en plus énigmatique. Non moins énigmatiques, les us et coutumes de cette famille fort peu conventionnelle qui entreprend l'éducation esthétique et sensuelle de la jeune fille.
Le raffinement, l’excentricité de leur art de vivre troublent autant que le récit qui nous les décrit : plusieurs voix narratives se mêlent pour faire entrer dans le mystère d'une peur héréditaire, d'un monde qui vacille. Le libertinage affiché presque comme un pastiche confine dans ce texte de Alessandro Baricco à une recherche autant littéraire que spirituelle.
L'épopée d'un monument
Passionnante épopée que la construction d'un monument unique à la Défense, qui devait donner unité et sens à cet agrégat de gratte-ciel disparates. Laurence Cossé retrace toutes les péripéties qui ont conduit au choix puis à l'érection de ce bâtiment. Elle mène une enquête scrupuleuse dans les eaux troubles d'une corporation, du pouvoir, des ambitions dévorantes au premier rang desquelles celle du Président de la République, François Mitterrand. Face à au prince, aimable et conciliant avec lui, mais surtout face aux difficultés techniques et aux compromis, un homme, l'inventeur de ce cube énorme, Johan Otto von Spreckelsen.
Laurence Cossé évoque un temps où la grandeur pouvait encore se budgéter. Cela donnait incontestablement un peu plus de panache à l'exercice du pouvoir.
Capa ou la fureur du monde
A travers cette biographie sous forme d'images sépia défile la vie de Robert Capa, photographe mythique des guerres du vingtième siècle. Endre Friedmann est un petit garçon de Pest, qui fuira avec sa famille les persécutions antisémites. C'est à Paris que tout se joue : années de bohème, amitiés avec tant qui deviendront illustres, années de formation politique avec le Front Populaire et la guerre d'Espagne, et d'apprentissage amoureux aussi avec Gerda, femme flamboyante tombée sous les balles des soldats franquistes, et qui restera l'amour de sa vie.
Florent Silloray rend très finement le rythme incessant des voyages faits de conflits ou de mondanités et aussi une forme de nonchalance qui tout au long de sa vie habite le photographe. C'est bien cet aspect paradoxal du personnage que souligne le choix de la bichromie qui n'est pas là seulement comme une citation des photographies d'époque : Capa dans la fureur du monde pose son regard et témoigne calmement, sûrement.