A la fois carnet de souvenirs et panorama des grandes figures de la littérature francophone d'hier et d'aujourd'hui, Mabanckou réalise une enquête bien personnelle de la littérature qu'il aime et l'inspire. Instructive et drôle parfois, sa petite histoire vagabonde de la littérature de la langue française emprunte, à travers ces pérégrinations et le temps, bien des visages et embrasse joyeusement tant de traditions différentes. Voyager dans des aires différentes et en terrain familier voire intime.
Un hymne à la richesse, à la vigueur d'une langue française monde. Revigorant.

Dans son nouveau roman, Hugo Boris nous confronte à l'existence de trois policiers et d'un réfugié tadjik qu'ils doivent transférer à l'aéroport pour sa reconduite à la frontière. Face à l'étranger, ces deux hommes et cette femme sont à la croisée des chemins, leur vie est prête à basculer. Entre leur mission et leur humanité, leur conscience vacille.
Dans ce livre le constat du dernier Laurent Gaudé serait aussi très adapté: ces policiers, muselés par leur mission, fatigués par des tâches ardues sont à l'écoute pour la première fois de leurs défaites. Trois êtres sensibles et très bien ressentis  par Hugo Boris qui confirme son talent pour l'art du portrait.

Dans ce premier roman Frédéric Gros met en lumière les événements qui au dix-septième siècle ont défrayé les gazettes, fait frémir le pouvoir catholique. En effet, en pleine rivalité avec l'obédience protestante, un couvent se laisse visiter par d'étranges rêves érotiques. La possession diabolique se doit d'être prouvée !! Un prêtre trop brillant, trop séducteur sera le bouc-émissaire de cette affaire.
Frédéric Gros fait de cet épisode historique un véritable roman. L'instrumentalisation politique du religieux est ici évidente et fait écho en nous, bien sûr. Mais on ne lâche pas l'intrigue très bien construite et le combat de la raison contre l'obscurantisme qui amènent à l'issue fatale : l'étau qui se resserre autour du prêtre apporte un véritable suspens à ce roman. Très bon roman historique.

Jean-Paul Dubois est incontestablement à son meilleur. On retrouve quelques-uns de ses grands thèmes : son amour pour les chiens, sa recherche de liberté loin des codes de la réussite sociale, sa méfiance à l'égard de la famille... Tout est présent mais en plus nuancé. Et l'ironie, figure de prédilection dans l'univers Dubois, ne reste pas une pure mécanique et pourtant rien n'est retranché à son habituelle lucidité.
Il signe un roman très émouvant sur la filiation. Un vrai bon roman avec des personnages uniques, des anecdotes pittoresques. Un roman à l'équilibre parfait, on y est pris pour ne pas en sortir, lancé comme une balle projeté par la chistera.

Beckomberga est un des plus grands asiles de Suède,institution exemplaire par sa philosophie dans l'accueil des malades.
La narratrice y vit une partie de son enfance lorsqu'elle rend visite à son père, à ses amis. Tout un entourage à la marge mais qui forme comme une famille autour d'elle : une constellation d'hommes et de femmes qui lui ouvriront un imaginaire singulier, celui qui se lit dans ce curieux roman.
Par courts chapitres comme autant de bribes de mémoire, ce récit est un hommage vibrant et poétique aux êtres fragiles.