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De la matérialité et des limites discursives du sexe

Amsterdam

Judith Butler opère dans Ces corps qui comptent une reformulation de ses vues sur le genre en répondant aux interprètes de son précédent livre, qui y voyaient l'expression d'un volontarisme (on pourrait « performer » son genre comme on joue un rôle au théâtre, on pourrait en changer comme de chemise) et d'un idéalisme (le genre ne serait qu'une pure construction culturelle ou discursive, il n'y aurait pas de réalité ou de substrat corporel derrière le genre). Selon l'auteure, la prise en compte de la matérialité des corps n'implique pas la saisie effective d'une réalité pure, naturelle, derrière le genre : le sexe est un présupposé nécessaire du genre, mais nous n'avons et n'aurons jamais accès au réel du sexe que médiatement, à travers nos schèmes culturels. Autrement dit, le sexe, comme le genre, constitue une catégorie normative, une norme culturelle, donc historique, régissant la matérialisation du corps. Il importe dans cette perspective de souligner que le concept de matière a une histoire, et qu'en cette histoire sont sédimentés des discours sur la différence sexuelle.

Or, si certains corps (par exemple les corps blancs, mâles et hétérosexuels) sont valorisés par cette norme, d'autres (par exemple les corps lesbiens ou noirs) sont produits comme abjects, rejetés dans un dehors invivable parce qu'ils ne se conforment pas aux normes.

À travers une reprise critique du concept foucaldien de « contrainte productive », Judith Butler va, loin de tout volontarisme, s'efforcer de ressaisir la façon dont les corps, informés par des normes culturelles, peuvent défaire ces normes et devenir le lieu d'une puissance d'agir transformatrice. Cette réflexion sur la matérialité des corps et les limites discursives du sexe est donc indissociablement épistémologique et politique.


L'État, aujourd'hui, est essentiellement un lieu de transit et ses habitants sont, de plus en plus, des apatrides. À l'ère des migrations permanentes (dues à des pressions économiques, culturelles, militaires ou climatiques), qu'est-ce que la philosophie contemporaine, à commencer par celle de Hannah Arendt, peut nous dire sur ce phénomène qui concerne aussi bien les Palestiniens que les membres de l'Union européenne ? Qui exerce le pouvoir aujourd'hui ? Avons-nous toujours le droit d'avoir des droits ? Comment peut-on encore avoir le sentiment d'appartenir à une nation ?


essai sur la violence, la guerre et le deuil

Zones

18,00

Une analyse philosophique d'une décennies de guerres américaines et de leur profonde influence sur notre appréhension et notre perception de la violence, des coprs, du concept même de vie humaine.
Alors que la page Bush a été tournée aux États-Unis, la décennie qui s'achève restera comme celle des nouvelles guerres américaines. Judith Butler choisit de revenir sur cette période décisive en l'analysant d'un point de vue philosophique. Sa thèse est que les guerres en Afghanistan et en Irak ont profondément changé non seulement l'état géopolitique du monde mais aussi et peut-être surtout les cadres perceptifs dont nous disposons pour l'appréhender, le saisir ou le comprendre. Croisant perspectives psychanalytique et philosophique, elle interroge la rhétorique déshumanisante de la guerre contemporaine et se demande dans quelles conditions certains sentiments et dispositions morales peuvent à présent être éprouvés. À l'ère de la guerre télévisée, les vies des nouveaux damnés de la terre nous sont présentées comme en quelque sorte déjà perdues, dispensables, des vies dont le deuil n'a pas droit de cité.


Discours de haine et politique du performatif

Amsterdam

Dans Le Pouvoir des mots, Judith Butler analyse les récents débats, souvent passionnés, sur la pornographie, la violence verbale dirigée contre les minorités et l'interdiction faite aux homosexuels membres de l'armée américaine de se déclarer tels. Il s'agit pour elle de montrer le danger qu'il y a à confier à l'État le soin de définir le champ du dicible et de l'indicible.

Dans un dialogue critique avec J. L. Austin, le fondateur de la théorie du discours performatif, mais aussi avec Sigmund Freud, Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida ou encore Catharine MacKinnon, elle s'efforce d'établir l'ambivalence du "hate speech", de la violence verbale et des discours de haine homophobes, sexistes ou racistes : s'ils peuvent briser les personnes auxquelles ils sont adressés, ils peuvent aussi être retournés et ouvrir l'espace nécessaire d'une lutte politique et d'une subversion des identités.

Elle esquisse ainsi une défense pragmatique du principe de la liberté d'expression, qui ne s'en tient pas aux arguments employés classiquement par les doctrines libérales, mais est surtout préoccupée par le souci de maximiser la puissance d'agir des dominés et des subalternes.

Les lecteurs français trouveront dans ce livre des instruments inédits pour repenser à nouveaux frais les questions soulevées par les débats sur la pénalisation des discours de haine.


Une lecture contemporaine de la domination et de la servitude chez Hegel

Bayard

Qui n'a jamais rêvé ou craint, désiré ou redouté de déléguer son corps ? De demander ou d'ordonner à quelqu'un d'autre : sois mon corps, porte-le à ma place, nourris-le, cultive-le, forme-le ?

Selon Judith Butler et Catherine Malabou, cette demande et cet ordre sont ceux que le maître donne à l'esclave dans la Phénoménologie de l'esprit de Hegel.

La dialectique de la domination et de la servitude doit être comprise comme une scène de délégation et de dénégation des corps. Mais se détache-t-on jamais complètement de son corps ? Y est-on à l'inverse jamais absolument attaché ?

De Hegel à Foucault, en passant par Derrida et Kojève, ces questions sont ici examinées selon toutes leurs modalités.

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